Résumé de la 2e partie On a attribué une origine juive à La Kahina, mais des témoignages laissent entendre qu'elle était chrétienne, d'autres païenne. Quoi qu'il en soit, c'était une authentique Berbère qui aimait son pays... Selon les auteurs arabes, la Kahina avait un don de prémonition : elle pouvait lire l'avenir et donc prévoir les évènements. Même si la reine des Aurès l?avait, il est certain qu'on a exagéré ce don dans le but évident de ternir le personnage : pour les musulmans, en effet, la divination est une pratique décriée par l'islam, qui l'assimile à une ?uvre du diable. C'est ainsi que la Kahina a été appelée... L'histoire ou la légende rapporte que Hassan ben Nu'mân, voulant connaître les Berbères du Maghreb central, charge un groupe d'Arabes de se rendre dans les Aurès. Pour ne pas être repéré, le groupe est composé de chanteurs et de danseurs qui se produisent dans les villages qu'ils traversent. Dans cette troupe, il y a une femme d?une grande beauté ; elle est douée pour la danse, mais c'est à une autre mission qu'elle est affectée : séduire les hommes et même les femmes par son charme et obtenir d'eux des informations. C'est ainsi que la troupe arrive dans le village de Dihiya. Une représentation est aussitôt donnée et le père de Dihiya est du nombre des spectateurs. La charmeuse le dévore du regard, lui lance même des ?illades et le Berbère est prêt à succomber. «Viens, viens, semblent lui dire les yeux de l'homme, tu connaîtras auprès de moi le plus grand des bonheurs !» L'homme sourit béatement et, instinctivement, tend la main... La femme est prête à la prendre? ? Arrête ! C'est Dihiya qui vient de surgir. ? Qu'est-ce qui te prend ? demande son père, irrité. ? Que lui arrive-t-il ? reprennent en ch?ur les autres hommes qui, eux aussi, étaient sur le point de succomber. ? Cette femme, dit Dihiya, est une espionne. Elle a été envoyée par le chef des Arabes pour connaître nos positions, le nombre de nos guerriers, notre système de défense... ? Mais dans quel but tout cela ? demande le père. ? Les Arabes sont revenus dans l'espoir de nous envahir ! Elle a parlé suffisamment fort pour que les Berbères présents à la fête l'entendent. ? Elle a raison, dit l'un d'eux. ? Dihiya sait prédire l'avenir. ? Oui, dit la jeune femme, je sais lire dans l'avenir. Et je vous dis en toute certitude que cette femme et ses compagnons sont des espions des Arabes ! La femme s'est arrêtée de danser en voyant Dihiya. Elle n'a pas cessé, non plus, de la dévorer des yeux. C'est à son tour d'être fixée par la foule des Berbères en colère. Ils peuvent, maintenant qu'elle et ses compagnons sont démasqués, être massacrés. Mais le père de Dihiya préfère leur dire : «Allez-vous-en !» Ils s'en vont et la charmeuse, en jetant un regard mauvais à Dihiya, murmure : «Espèce de sorcière ! Kahina !» (à suivre...)