Constat n Le patrimoine linguistique algérien est «le véhicule de nos valeurs, de nos repères et de notre mémoire collective.» Le patrimoine linguistique algérien, pétri par le temps et l'histoire commune à tous, est marqué par la multiplicité et le changement, donc il est ancré dans la diversité. «Nous avons un patrimoine très riche», selon Khaoula Taleb Ibrahimi, enseignante à l'Institut de langue et littérature arabes, et d'expliquer : «Cette richesse résulte de notre histoire et de notre géographie.» La diversité par laquelle notre patrimoine linguistique se distingue prouve incontestablement que «nous sommes riches de nos différences», et ce sont nos différences qui font notre pluralité, donc notre spécificité. «Une langue populaire de culture orale est le produit de legs générationnels successifs transmis à la jeunesse. Une approche approfondie nous a permis de découvrir des richesses insoupçonnables que recèle notre culture orale ancestrale» Notons que, selon Khaoula Taleb Ibrahimi, le patrimoine linguistique algérien est «le véhicule de nos valeurs, de nos repères et de notre mémoire collective.» On déplore cependant que ce patrimoine qui illustre l'identité culturelle et même historique de l'Algérie, soit en train de se perdre, d'où la nécessité de mener un travail de sauvegarde.La sauvegarde ne peut se faire que s'il y a l' expression d'une réelle volonté commune, c'est-à-dire par un consensus social. Cette promotion du patrimoine linguistique doit se faire par la collecte, l'enregistrement, et surtout l'enseignement, donc la vulgarisation de ce patrimoine immatériel. Il faut éveiller la curiosité, éduquer les regards, susciter la volonté, c'est-à-dire faire réapprendre notre patrimoine linguistique afin de permettre de le réemployer dans nos habitudes linguistiques quotidiennes. Autrement dit, «assurer la transmission intergénérationnelle, c'est pouvoir dire aux jeunes qu'ils seront à leur tour des transmetteurs».Car, selon Khaoula Taleb Ibrahimi, «la richesse d'une société est à la fois son patrimoine immatériel et matériel, il est donc impératif de préserver ce legs pour sauvegarder notre mémoire collective».Ainsi, les empreintes du passé doivent être préservées, parce qu'elles font de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Khaoula Taleb Ibrahimi est enseignante à l'Institut de langue et littérature arabes, docteur en lettres et sciences humaines (Université Stendhal de Grenoble), chercheur associée au Cread, elle poursuit depuis des années des recherches sur la question des langues en Algérie, et plus particulièrement en linguistique et didactique de langue arabe. Elle a écrit un livre Les Algériens et leurs langues. Cet ouvrage, fruit de plusieurs années de travail, de recherche, de réflexion et d'analyse, illustre la situation sociolinguistique de l'Algérie, les représentations et les images des variétés linguistiques en Algérie, les rapports et les attitudes à la langue, la langue arabe dans le système éducatif algérien, la politique d'arabisation de l'Algérie, l'arabisation projets concrets et réalisations pratiques, les avancées scientifiques et technologiques qui ont fait que la réalité linguistique a changé aujourd'hui.