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Histoires vraies
La Mamma (1re partie)
Publié dans Info Soir le 24 - 07 - 2011

C'est la guerre. Les Alliés préparent le débarquement en Sicile. Dans un train, parti de Palerme dans la nuit, dort une petite armée de permissionnaires. Les hommes sont entassés les uns sur les autres. Ils sont jeunes. A vingt ans, on dort n'importe ou n'importe comment, et la guerre est une chose tellement inhumaine, qu'elle dépasse l'entendement. Pasquale par exemple, un jeune Sicilien de dix-neuf ans, dort comme un enfant déguisé en homme. Son uniforme et son calot ont l'air trop grand pour lui. Il n'est dans l'armée que depuis quelques semaines. On lui a appris très vite à manier le fusil et à ramper sur le ventre. Il ignore encore à quoi tout cela pourra bien lui servir. C'est un paysan, un peu fruste. Le dernier fils d'une famille de pauvres, qui a déjà donné à l'Italie de Mussolini les trois aînés, morts.
Au village, il ne reste plus que la Mamma. Pasquale vient de l'embrasser peut-être pour la dernière fois. Son régiment était cantonné si près du village, qu'il a obtenu une permission exceptionnelle de vingt-quatre heures.
Il a retrouvé son vieux lit de fer et la cuisine de sa mère, le temps d'une parenthèse. Elle est terminée.
La train cahote et secoue son chargement de jeunes hommes. Soudain c'est l'enfer. Un enfer qui tombe du ciel. Une escadre de forteresses volantes américaines nettoie le secteur. Un raz de marée de bombes déferle sur le train. Les rails se disloquent, les wagons éclatent, le feu, les tôles tordues, les hurlements des blessés font un décor hallucinant dans la campagne déserte.
Des morts, des morts et encore des morts, partout. Le convoi était une cible fragile, à l'aube de cette journée de 1945. Les quelques survivants courent dans la plaine, affolés. Et lorsque les secours arrivent, il ne reste que les morts et les blessés graves, entremêlés, dans les ferrailles tordues.
Il reste Pasquale aussi. Debout au milieu de cet enfer, les yeux fous. Il est sain et sauf. Le wagon où il dormait s'est ouvert comme une coquille de noix. Ses camarades sont morts, il est là tout seul au milieu d'eux, miraculé, sans une écorchure, sans la moindre bosse. Il a tout vu, tout entendu, tout vécu, et il est resté là, comme un zombie, à regarder la mort de près.
Avant cela, Pasquale était un enfant. Après cela, il aura du mal à devenir un homme, malgré tout l'amour du monde.
Mais Pasquale a rejoint son régiment, car la guerre n'est pas terminée, et l'instruction continue.
«Debout là-dedans !»
Que ce soit en français, en italien, en allemand, en américain, en espagnol ou en russe, c'est toujours la même chose. Une chambrée s'éveille au clairon, et au «debout là-dedans! » d'un adjudant ronchonneur.
Du fond de son lit, Pasquale répond :
«Pour quoi faire, debout ? On peut rester couché, pour crever. Ça va plus vite... »
Dans l'armée, et surtout en temps de guerre, une phrase comme celle-là ne peut, en aucun cas, être considérée comme un jeu de mots. D'ailleurs ce n'en est pas un.
Pasquale se retrouve en prison. Corvée de balayage et prison. Il balaie et supporte les sarcasmes :
«Alors, soldat, on préfère le balai au fusil ? Si tu te sers de ton fusil comme de ton balai, nous ne sommes pas près de terminer la guerre !
Les sous-officiers, ou officiers, eux, ont droit aux plaisanteries approximatives.
Cela fait partie de l'instruction, pour secouer l'homme. Pasquale laisse tomber son balai.
«Vous gênez pas. Avec un balai, on a du mal à tuer quelqu'un. Ça vous changerait.»
Cette fois, c'est une insulte à un supérieur, insulte révélatrice d'une mentalité défaitiste. Et c'est grave. A cette époque, l'armée italienne est travaillée par d'invisibles courants d'insubordination. Voire de révolte franche. (A suivre...)


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