Préjudice n «Qui prendra en charge le remboursement de nos pertes ?», s'interrogent des milliers de petits commerçants. C'est là une question qui n'a pas trouvé de réponse. Face aux pertes qu'ils ont subies suite aux nombreuses coupures d'électricité, des centaines, voire des milliers de commerçants ne décolèrent pas, pointant un doigt accusateur vers les responsables. Mais malgré cela, nombre d'entre eux hésitent à réclamer auprès de la Sonelgaz. D'autres n'y pensent même pas et estiment qu'il faut s'adapter à la situation. Les commerçants du marché Clauzel, tout comme ceux de la rue Khelifa-Boukhalfa ont été marqués par des chutes de tension et coupures d'électricité qui se sont amplifiées en ces jours de canicule. «Il ne faut pourtant pas se leurrer et penser que messieurs de la Sonelgaz nous croiront», commentent la plupart d'entre eux. En effet, nombre d'Algériens pensent que les commerçants ont cela de particulier de dramatiser toujours les choses. Ce qui leur fait perdre de leur crédibilité. Il leur est alors difficile de réclamer quoi que ce soit, encore moins un remboursement. «C'est l'avis de tous ! Donc, il est fort possible que notre estimation des factures portant sur les dégâts enregistrés lors des pannes d'électricité ne soit pas considérée», disent des commerçants. Interrogé sur le sujet, Boualem, 52 ans, boucher à Alger depuis 40 ans, nous dit ces quelques mots : «Cela ressemblait à des jeux de lumière qui ont duré exactement 4 jours. Enfin, nous sommes habitués à ce genre de panne, surtout durant les mois de juillet et août, où tout le monde doit prendre ses précautions et s'adapter. Pour ma part, j'ai acheté une petite quantité de viande à l'abattoir et cela, pour éviter d'essuyer une grande perte.» «A qui voulez-vous que je m'adresse ? Et puis je ne suis pas le seul à subir ce désagrément», s'emporte Rachid, 30 ans, gérant d'un magasin de produits alimentaires à Alger-Centre. «Nous avons été obligés, à maintes reprises, de jeter des denrées alimentaires avariées, telles que la viande, les produits laitiers et les glaces […]. Les pannes durent très longtemps, au point que nombre de nos confrères ont dû baisser rideau», ajoute un autre vendeur de produits alimentaires. Dans un restaurant en face, Nabil, tout en préparant le déjeûner du jour, nous affirme : «Que voulez-vous que je vous dise, c'était un vrai calvaire, nous avons été obligés de jeter pratiquement tous les plats à base de viande ou de poisson. La rupture de la chaîne du froid a engendré des dégradations de ces aliments», a-t-il témoigné. «Nous avons fermé boutique avant 19h et nos clients attendaient dehors le retour de l'électricité», a-t-il poursuivi. «Je ne peux pas faire une exacte estimations des pertes occasionnées par ces pannes quotidiennes... Cela se chiffre à coups de millions […]. Cette fois-ci, j'ai perdu au moins 25 000 DA en une seule journée», nous confie un autre commerçant de volailles au marché Clauzel d'Alger. «Nous avons réclamé à maintes reprises au niveau de la Sonelgaz au Ruisseau (Alger)... Cela ne sert à rien ! Une fois arrivés là-bas, on prend juste nos noms et adresses, sans plus !», clame un ancien commerçant à Saoula. Deux poids, deux mesures ?! Les coupures d'électricité ne touchent pas toutes les villes. Certaines communes et quartiers n'ont jamais connu ce problème. «C'est étrange que certaines villes ne connaissent pas de délestage, tandis que d'autres en souffrent régulièrement. C'est la politique du deux poids, deux mesures», commente t-on. «Exceptionnellement, nous n'avons eu aucune coupure d'électricité de longue durée. Tout juste 1 heure au lieu des 2 heures habituelles. Et devinez pourquoi. Tout simplement parce que nous habitons tout près de la cité militaire de Aïn Naâdja !», nous confie Mohamed, 28 ans. La pétition des Blidéens A Blida, il y a quelques jours, des foyers sont restés plus de 48 heures sans courant électrique. Ces pannes quotidiennes finissent par exacerber petits et grands. Pour une prise en charge rapide de ce problème, les commerçants de Bab Dzaïer, de la rue d'Alger et de ses alentours ont signé une pétition. «La situation est devenue insupportable», commentent-ils.