Les démocrates américains n'ont pas trouvé de mots assez durs hier, pour critiquer la décision du président George W. Bush de ne pas toucher d'une manière substantielle à l'engagement militaire de leur pays en Irak. Eux qui se voient aux portes du pouvoir après avoir conquis les deux chambres du Congrès, auraient tant aimé ne pas se retrouver à gérer une guerre qu'ils avaient pourtant approuvée en la votant en 2003. Le président Bush a tout juste procédé, en effet, au repli des renforts qu'il avait envoyés en Irak au début de cette année dans le cadre d'un nouveau plan de pacification. Et hier, dans sa traditionnelle intervention radiophonique hebdomadaire, il soulignait qu'« un échec irakien augmenterait les risques que nos forces aient un jour à retourner dans la région pour faire face à des extrémistes encore plus profondément retranchés et encore plus dangereux ».Devant ce statu quo, les démocrates ont accusé le président Bush de condamner les soldats américains à une guerre « sans fin » en Irak, et réfuté les progrès de sa stratégie dans un pays à feu et à sang. En tout juste 18 minutes, M. Bush a affirmé la nécessité de maintenir une présence forte dans un pays qui « se bat pour sa survie ». Dans leur réponse officielle à l'allocution de M. Bush, les démocrates ont immédiatement décrié « une stratégie faussée qui détourne l'attention et les ressources de la chasse au réseau terroriste d'Oussama ben Laden ». Le sénateur Jack Reed, lui-même un ancien militaire, a affirmé que le plan de l'administration Bush revient à instaurer « une présence militaire indéfinie et illimitée en Irak ». « Une fois de plus, le président a échoué à fournir un plan, soit pour en finir avec la guerre, soit pour donner une raison convaincante de la continuer », a déploré M. Reed. Pour sa part, le sénateur Barack Obama, candidat à la Maison-Blanche en 2008, a indiqué qu'il est « plus que temps de finir une guerre qui n'aurait jamais dû commencer ». L'influent sénateur Edward Kennedy a relevé que les soldats américains en Irak sont placés « dans la situation impossible de gagner chaque bataille, mais de ne pas être autorisés à gagner la guerre ». « Au lieu de cela, a-t-il poursuivi dans un communiqué, la politique du président a transformé nos troupes en otages des leaders irakiens qui n'ont pas encore montré une quelconque volonté de prendre les difficiles décisions qui s'imposent pour mettre fin à une guerre civile. » M. Bush a annoncé une réduction limitée de 20 à 15 brigades de combat d'ici à juillet 2008, ramenant de fait les effectifs à un niveau proche de ce qu'ils étaient en janvier 2007, avant l'envoi de renforts censés rétablir un pays au bord du chaos. « Il est clair que le président Bush tente de faire traîner ce processus mois après mois, année après année, pour pouvoir ensuite passer sa politique irakienne au prochain président », a, quant à lui, affirmé le sénateur Kennedy. Tel est en définitive l'impression qui prévaut : il appartiendra au successeur de George Bush de conclure une guerre qu'il a déclarée, et sur laquelle sera jugée sa présidence. Il ne lui reste plus qu'à laisser l'Irak dans le meilleur ou le moins mauvais état possible quand il cédera la place, estiment les experts. A mesure que l'affaire irakienne se compliquait, M. Bush a admis que les Américains seraient toujours en Irak après janvier 2009, et que son successeur trouverait le dossier sur son bureau. L'on remarquera qu'il est presque exclusivement question de problèmes à gérer, ou d'image de marque, pas de la guerre imposée à tout un peuple, et celui-ci vit une situation qu'il n'avait jamais connue auparavant.