Le désintéressement par rapport à la présidentielle semble l?emporter dans la ville de Béjaïa. Certains n?ont aucune idée du scrutin, rejetant toute discussion sur ce sujet, tandis que d?autres se disent prêts à voter, mais sans conviction, comme c?est le cas de Nacer, qui ne sait pas encore, à quatre jours du scrutin, quel candidat choisir. «Je verrai le jour ??J??. Mais, à vrai dire, je souhaite partir de ce pays où aucun espoir n?est permis.» Pour Djamel, 24 ans, «qu?importe celui qui passera». Qu?est-ce qui justifie donc cette différence par rapport aux montagnards ? «Ces derniers sont plus attachés à leurs racines et, en plus, ici, il n?y a pas que les Bougiotes. C?est un melting-pot», croit savoir ce commerçant qui, avec ses collègues, discute de l?appel à la grève le 5 avril lancé par l?interwilayas. «Elle ne sera pas suivie comme celle du 20 avril qui était générale», prévoient-ils. Pour eux, les ârchs ont fait leur temps et ils croient même que ces derniers sont manipulés. S?agissant des partis implantés dans la région, ils relèvent l?absence de consensus à chaque rendez-vous électoral. «Lorsque l?un d?eux prône le rejet, l?autre incite à aller aux urnes et vice versa. Ce qui fait que certains iront voter pour suivre l?un, alors que d?autres boycotteront pour répondre au mot d?ordre de l?autre.» Ils estiment que ces derniers (les partis) agissent selon leurs intérêts, partisans ou personnels. Tout en considérant eux-mêmes que «cela ne sert à rien» (de voter ndlr), ils font remarquer : «Nous avons raté notre chance avec le président Boudiaf. Si le peuple, les partis et la société civile avaient réagi, les choses auraient changé. Mais cela n?a pas été le cas.»