Description n Armés, qui d'un stylo, qui d'une vieille machine à écrire, les écrivains publics remplissent inlassablement formulaires administratifs, demandes de tous genres, chèques postaux et autres documents en échange de quelques dizaines de dinars. A Oran, été comme hiver, ils élisent domicile à proximité des mairies, des agences postales ou du consulat d'Espagne, avec comme seuls «meubles», un petit tabouret en plastique, une table basse, parfois une vieille machine à écrire, un cartable usé par le temps où s'entassent des feuilles toutes écornées, du papier carbone presque inutilisable du fait d'un usage répété et successif. A la grande poste d'Oran ou dans les petites agences des différentes localités, ce sont des anciens fonctionnaires à la retraite qui sont «autorisés» à remplir les chèques CCP ou autres formulaires postaux. On les retrouve juste à l'entrée principale de cet édifice, installés devant des pupitres destinés en principe aux usagers sans exclusivité. «Remplir des chèques ou des mandats postaux est un moyen d'arrondir mes fins de mois. Ma retraite de fonctionnaire me permet à peine de tenir quinze jours. Je suis obligé de faire ce travail», explique Larbi, un homme très alerte en dépit de ses soixante-dix ans, rencontré à la grande poste d'Oran. Les écrivains publics qui s'installent dans les agences postales, sont généralement des anciens de la «boîte». Leur présence est tolérée. Ils entretiennent encore des relations bien solides avec leurs anciens confrères. «Nous mettons nos capacités et nos connaissances au service de nos concitoyens. Au-delà du fait de remplir un formulaire ou un chèque, nous aidons très souvent les personnes âgées et ignorantes à bien avancer dans les labyrinthes de notre administration», ajoute le même septuagénaire. Les écrivains publics «en poste» à proximité du consulat d'Espagne sont très sollicités par les demandeurs de visas. Ces derniers doivent dactylographier tous les renseignements demandés dans les formulaires de demande du fameux sésame. «Nous sommes obligés de solliciter leurs services car, ils sont les seuls à disposer de machines à écrire», explique Nassim, un jeune étudiant qui projette de se rendre à Alicante pour quelques jours. Ali, ex-agent d'administration, licencié suite à la dissolution de son entreprise, s'est reconverti dans ce créneau. Il a choisi ce lieu de travail qu'il qualifie de «stratégique» du fait qu'il se trouve près de l'annexe de l'APC d'Oran et du consulat d'Espagne. «Durant ce ramadan, l'activité a nettement baissé, mais grâce à Dieu, on arrive toujours à bien finir sa journée», indique-t-il avec sagesse. Au niveau des annexes communales, ces écrivains publics prennent en charge toutes sortes de doléances, de la simple déclaration sur l'honneur au certificat d'hébergement, en passant par les formulaires de demande de la CNI ou du passeport et autres documents nécessaires pour régler une affaire administrative.