Calvaire n Les règles de l'urbanisme ne sont qu'une vue de l'esprit au lotissement Vincent. L'anarchie est totale, un passage de servitude de 6 mètres a été squatté. «Nous vivons dans une ville où l'anarchie fait rage.» C'est, en résumé, le discours tenu par les habitants du lotissement Louda 2 (ex-Vincent) à Bouzaréah, sur les hauteurs de la capitale. C'est effectivement une véritable anarchie. Les routes sont défoncées, des carcasses de villas abandonnées sont devenues, au fil des années, des refuges pour les délinquants, un éclairage public inopérant malgré l'existence des luminaires qui servent uniquement pour le décor, des égouts déversent leur contenu à même la voie publique et envahissent même des habitations, transformant le quotidien de leurs occupants en un véritable calvaire.... Comble de l'ironie, un passage de servitude de 6 mètres de large a été squatté par un citoyen qui a érigé un portail métallique. Faisant fi des lois et règlements régissant la collectivité, ce citoyen a même installé une plaque de signalisation indiquant un «sens interdit», obligeant les riverains, en particulier des enfants, des vieillards et des invalides, à faire un détour de plus de 2 kilomètres en transitant obligatoirement (puisqu'aucune autre issue n'existe) par le centre-ville de Bouzaréah pour rejoindre leur domicile. L'absence de trottoirs figure au registre des désagréments des citoyens. Par ailleurs, certaines constructions érigées témoignent, on ne peut mieux, que les propriétaires sont loin d'être dans le besoin. Anarchiquement bâties certes, ces villas de plusieurs niveaux sont la preuve concrète d'une opulence récente. Face au laxisme et au laisser-aller des autorités locales, une ruée vers l'extension est constatée. Les règles de l'urbanisme ne sont qu'une vue de l'esprit. Le résultat de cette stupide ruée est que ce quartier de plus de 200 familles ressemble beaucoup plus à un banal quartier qu'à un quartier «chic» de la capitale .Toutes ces lacunes ne semblent pas être ignorées des élus locaux, au même titre que les services de l'urbanisme et du wali délégué de Bouzaréah. Le courrier adressé au P/APC est jeté «aux oubliettes», selon les membres du comité de quartier. Ces populations ont frappé à toutes les portes, en vain. Le wali délégué a reçu en audience un groupe de citoyens le 15 octobre 2000 et a instruit, à l'occasion, en date du 4 novembre 2000 l'ex-P/APC d'agir en conséquence. «Malheureusement pour nous, au lieu d'y remédier, le P/APC a tourné le dos à la population de ce quartier», nous disent encore plusieurs riverains. Ils ont même saisi le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales par courrier. La réponse se fait attendre. Entre-temps, le comité de quartier n'est pas resté les bras croisés. Au contraire, il a multiplié ses démarches en sollicitant le wali d'Alger «pour qu'il use de ses prérogatives afin de rétablir l'ordre dans ce quartier sinistré», lit-on dans un courrier adressé au premier magistrat de la wilaya d'Alger.