Spectacle n Avec ses ruelles barricadées et des parcelles de terrain réquisitionnées, Bourouba offre une image sombre et désolante aux visiteurs. Bourouba : évoquer cette commune sans faire allusion à son état d'insalubrité très avancée, à ses routes délabrées, à ses égouts qui déversent leur contenu à même la nature, à ses murs surchargés de graffiti ou à son éclairage public défectueux, serait faire un pied de nez à la réalité . Que ce soit aux Eucalyptus, à l'Egeco, à La Montagne, à Lahmamis, à PLM, au Chagnot, à la Prise d'eau ou partout ailleurs au niveau de la commune, qui compte 90 000 âmes, la population est au bord du désespoir. L'amertume se lit sur le visage de chaque citoyen. Au niveau de la cité des Eucalyptus aux routes délabrées, des tas de détritus jonchent la chaussée. «C'est à croire que les services de ramassage des ordures ménagères ne connaissent plus notre cité», nous dit un citoyen qui ajoute : «Je ne me rappelle même plus la couleur du camion de nettoiement, tellement son dernier passage remonte à loin, c'est-à-dire à l'occasion d'une visite d'une délégation d'officiels.». A la cité Egeco, ce n'est pas la joie non plus. A l'insalubrité des lieux et à des ruelles jamais bitumées, viennent se joindre ces commerces en tout genre qui barricadent la chaussée afin d'exposer leurs marchandises ne laissant que de petits passages aux passants. Les riverains réquisitionnent des parcelles de terrain sous les balcons à l'aide de ferrailles et de roseaux. Il y a même une niche à ordures «verrouillée par de jeunes gens de la périphérie pour devenir un lieu privilégié de somnolence à des désœuvrés», nous raconte un riverain. Ce n'est aussi pas de gaieté de cœur qu'il nous oriente vers un espace vert, ce qu'il en reste du moins, faisant face au lycée Abou-Dhar-El-Ghifari, laissé à l'abandon au même titre que celui de l'Egeco mitoyen au siège de l'association des sourds-muets de Bourouba, «transformés en lieux de délinquance et même de jeux de hasard, à coup de centaines de milliers de dinars», nous confie un citoyen blasé. Aucune cité n'est épargnée par cette catastrophe due à la bêtise humaine, à l'insouciance et au laisser-aller. A quelques pas du centre ville de cette commune, une benne à ordures débordante, dégageant des odeurs nauséabondes, est laissée à la portée et à la joie de petits bambins. Au lieu dit Lahmamis, l'un des plus anciens quartiers de la commune de Bourouba, le quotidien des riverains est un calvaire. «L'état d'insalubrité très avancée au niveau du quartier, a conduit à la prolifération des rats et de toutes sortes de bestioles», témoigne un commerçant. Les plus avertis parlent d'une commune qui fait face à 110t/jour de déchets ménagers. «Le parc automobile de l'établissement Netcom et celui de l'APC très vétuste, ne peuvent faire face à une telle charge. Au lieu de critiquer les élus locaux devant la presse, le citoyen devrait faire preuve d'un peu de civisme en respectant les horaires de passage des rotations des camions de ramassage des ordures», dit un élu local pour se défendre. Loin de vouloir faire les moralisateurs, l'hygiène, reste l'affaire de tous. Que ce soit les citoyens ou les élus locaux, une chose est sûre, la commune de Bourouba mérite un véritable lifting pour sortir de son marasme.