Incertitude n «Certes, aujourd'hui, les Algériens ne sentent pas les effets de la crise, tant que le lait et le pain sont subventionnés par l'Etat mais demain, des filières risquent de disparaître carrément», ont averti des experts. Hier, au forum d'El Moudjahid, Mohand-Amokrane Nouad, consultant agronome et secrétaire général de l'Union nationale des agronomes (UNA), a souligné que l'Etat joue actuellement un rôle d'amortisseur. Mais si jamais il y a réellement une ouverture sur le marché, les prix de certains produits alimentaires de base tels que le lait et le pain, à titre d'exemple, vont être multipliés par quatre. «Là, on ne fait qu'acheter la paix sociale», a-t-il ajouté. Les chiffres sur l'importation sont, en effet, inquiétants, estime-t-il, et risquent de dépasser ceux de 2008.«Rien que les intrants sont à 90% importés.» «Aujourd'hui, l'Algérie doit se positionner et se poser la question de savoir quel est le territoire qui peut produire plus et à moindre coût ! L'Algérie est avertie politiquement sur cette réalité internationale. Financièrement, elle a les moyens de sécuriser ses stocks», a estimé, de son côté, Malek Serrai, expert en économie. Est-ce que l'Algérie peut s'autosuffire ? En réponse, M. Nouad dira : «L'Algérie n'arrivera jamais à produire ce qu'elle consomme (...) Le seul avenir qui nous reste, c'est l'agriculture industrielle car on ne peut pas compter sur les schémas traditionnels actuels.» Néanmoins, cet expert estime que «notre pays a des atouts et peut réduire ses importations, mais aussi promouvoir ses exportations afin d'équilibrer la balance économique». Il fera remarquer que la facture alimentaire enregistrée de janvier à juillet 2011, d'une valeur de 5,3 milliards de dollars, a été presque égale à celle couvrant toute l'année 2010 ! D'où l'urgente nécessité de focaliser davantage sur l'objectif de l'autosuffisance alimentaire. Mais comment développer l'industrie agricole, paramètre incontournable dans cette autosuffisance ? Selon cet expert, la moyenne mondiale est de 50% de produits agricoles transformés. En Algérie, on transforme moins de 20% de produits agricoles, alors que dans les pays développés la transformation oscille entre 80 et 90%. L'agriculture en Algérie est bien encadrée, estime toutefois cet expert ; «il faut juste créer une symbiose entre l'agriculture et l'industrie. Pour ce faire, l'Etat doit jouer, son rôle d'accompagnateur». A signaler que la rencontre d'hier est organisée en guise de préparation du 5e Congrès mondial des agronomes prévu au Québec du 12 au 17 septembre 2012 et à laquelle les membres de l'UNA vont prendre part. «L'Algérie ne doit pas rester en dehors de la sphère mondiale. Il y a des questionnements à prendre en charge face à la croissance démographique et aux changements climatiques. Nous allons participer à ce congrès pour apporter notre réflexion sur plusieurs thématiques autour de la sécurité alimentaire», a conclu M. Nouad.