Devant la menace incessante de la grippe aviaire, les pertes pourraient atteindre 450 millions de dollars. La psychose de la grippe aviaire a engendré des pertes financières considérables dans le secteur avicole suite à la baisse de la consommation de la viande blanche. Ces pertes sont estimées à 200 millions de dollars selon le secrétaire général de l'Union nationale des agronomes (UNA), M.Yahia Kerouche, invité hier au forum d'El Moudjahid. Près de 400.000 emplois risquent de disparaître menaçant ainsi 200.000 familles qui vivent de cette activité. «La filière avicole en Algérie risque de disparaître. Il faut doubler de vigilance et mettre tous les moyens pour aider les aviculteurs à faire face à une éventuelle pandémie», a-t-il déclaré. Déjà, ajoutera l'invité, un nombre assez considérable de petits aviculteurs ont cessé leur activité et ceux qui restent sont en train de lancer un appel de détresse. Il a révélé notamment qu'il y a un grand risque que des complexes importants mettent la clé sous le paillasson. Le président de l'Union, M.Yahia Zane, a lancé de son côté, un appel aux pouvoirs publics afin de protéger cette branche qui est très rentable pour l'économie du pays. A en croire les propos du président, les aviculteurs n'ont bénéficié, jusqu'à présent, d'aucune aide de la part des autorités concernées. «Nous n'avons enregistré aucune initiative ni promesse de la part de la tutelle et des compagnies d'assurances», a indiqué M.Zane. Il a tenu à rappeler dans ce sens, les garanties de l'Union européenne à l'égard des aviculteurs atteints par cette pandémie. Celle-ci a alloué, faut-il le rappeler, une somme mensuelle de 1800 euros pour chaque aviculteur. Une manière de sauver, avouera le président de l'UNA, l'activité avicole. L'Union plaide donc pour un dispositif d'indemnisations pour les aviculteurs en cas d'épidémie de grippe aviaire en Algérie. «Il est temps de penser à des mécanismes d'indemnisation des aviculteurs en cas d'apparition de la maladie», a déclaré M.Zane. «Les pouvoirs publics devraient engager des négociations avec toutes les parties concernées: les aviculteurs, les banques et les assurances pour mettre en place des mesures de soutien aux aviculteurs», a-t-il ajouté. Notons que dernièrement le ministre de l'Agriculture, le Dr Said Barkat, n'ayant cité aucun cas de destruction volontaire d'élevages, a invité les aviculteurs à reprendre leurs productions. «Intensifiez la production, continuez à investir, sinon nous serons contraints de recourir à l'importation», avait-t-il mis en garde. Tout en rassurant par ailleurs les professionnels de l'élevage avicole, le Docteur Barkat n'a pas manqué d'encourager les citoyens de continuer à consommer de la volaille produite localement. Il a beaucoup insisté pour que les élevages soient couverts afin de parer à toute fâcheuse éventualité. Par ailleurs, les représentants de l'Union ont révélé que la crainte des aviculteurs s'est accentuée en ce mois de mars dans la mesure où les risques de l'apparition du virus H5N1 dans notre pays sont fort probables durant cette période. Pour sa part, M.Tahar Benhamza, membre de la coordination nationale des aviculteurs a déclaré, sur les ondes de la Chaîne III, que la consommation du poulet représente 65% de la consommation globale de la viande. Pour lui, la filière avicole en Algérie fait actuellement face à une grave crise engendrée par une baisse spectaculaire des prix de la viande de volaille. La consommation de la viande blanche a enregistré en outre durant cette dernière période une baisse de 70%, mettant ainsi en péril le devenir de l'activité avicole. Cette situation mènera certainement, précisera-t-il, à l'augmentation du prix de la viande rouge, donc une régression du pouvoir d'achat. «Si la situation perdure, les pertes du secteur avicole peuvent atteindre 450 millions de dollars d'ici trois mois sachant que dans notre pays il y a trois millions d'élevages reproduisant 300 millions de poussins. C'est tout un potentiel qui est menacé de disparaître», a-t-il souligné. Les opérateurs de la filière avicole ont ainsi tiré la sonnette d'alarme en appelant à l'intervention des pouvoirs publics afin de leur apporter une aide d'urgence, faute de quoi leur profession restera menacée de disparition.