Anniversaire n Il y a dix-sept ans nous quittait Hasni Chekroun, alias cheb Hasni. Cheb Hasni disparaît tragiquement le 29 septembre 1994, victime d'un acte terroriste. Il s'effondrait, lâchement assassiné, dans son quartier natal de Gambetta à Oran, laissant une famille endeuillée ainsi que des milliers d'admiratrices et d'admirateurs. Dix-sept ans plus tard, que pouvons-nous dire de ce chanteur et que reste-t-il de son héritage musical ? Nawal Belghoul, animatrice à la radio El-Bahdja dans l'émission Hit el Bahdja, nous dira : «Cheb Hasni reste irremplaçable. Il est numéro 1 chez les disquaires. Dix-sept ans après sa disparition, il est encore demandé par nos auditeurs. Ces derniers l'exigent même. Lorsque j'anime des émissions, je reçois beaucoup d'appels me demandant de passer les chansons de Cheb Hasni. Dix-sept ans après sa disparition, il reste un chanteur très écouté, largement apprécié, énormément demandé.» Interrogée sur la raison qui fait que Cheb Hasni demeure jusqu'à présent un chanteur de renommée nationale, Nawal Belghoul répondra : «Avec l'avènement sur la scène musicale de Cheb Bilal, tout le monde a pensé qu'il allait remplacer Cheb Hasni, mais après nous avons pu constater que ce n'était pas le cas. Car Hasni était un artiste à part. Il avait quelque chose de particulier, et cette particularité réside dans son art. C'était un chanteur à grand succès. Ce qu'un chanteur ordinaire réalise en une carrière, Hasni, lui, l'a fait seulement, avec 850 chansons, en six, sept ans. Cela démontre toute l'étendue de son talent et sa sensibilité profonde ». «Cheb Hasni, reprend-elle, aimait ce qu'il faisait, c'était avec ses tripes qu'il exerçait son art, et cela on le ressent dans ses chansons baignées d'une forte et grande sensibilité. C'était un artiste très sentimental, un artiste accompli. Il était timide, très modeste et il était aussi éduqué. Tout cela a fait qu'il a gagné l'estime de son public et de la jeunesse algérienne.» Le sens de l'éducation, donc de la morale se traduisait à travers ses chansons qui sont expurgées de toute vulgarité. Il proposait des refrains sereins et envoûtants. Il apportait un autre style de raï, sonnant le renouveau de ce style et rompant avec le raï hard. Plusieurs activités artistiques et culturelles sont prévues à Oran, à l'initiative de l'Association de promotion et d'insertion de la chanson oranaise (Apico), pour commémorer le dix-septième anniversaire de la disparition du raïman lover, adulé par la jeunesse algérienne. L'hommage posthume au chantre du raï sentimental s'étalera du 24 au 30 septembre. Plusieurs vedettes de la chanson algérienne et maghrébine sont attendues à cette manifestation qui aura pour thème : «L'Algérie ne t'oublie pas». Un gala au palais des sports Hamou-Boutlélis, et trois tables rondes autour du patrimoine musical et des cultures populaires seront animés. Seront également proposées au public des projections de films et de documentaires comportant des séquences de ses concerts et de ses entretiens avec la presse et des personnalités culturelles. Notons enfin qu'un tournoi de football a été programmé pour la circonstance, rappelant que Hasni avait une grande passion pour le sport-roi. - Né le 1er février 1968, Hasni Chekroun a entamé son parcours artistique en se produisant dans des mariages avant de se joindre à un groupe musical local, pour animer des soirées dans un night-club, situé à la sortie est d'Oran. C'est au cours d'une soirée animée par l'orchestre de Cheb Kada, où il chante El-Mersem (le refuge, la même chanson qui a révélé Cheb Mami) qu'il se fait remarquer par un producteur qui lui propose d'enregistrer El-Baraka... en duo avec Cheba Zahouania. Ce premier titre, devenu un tube, a révélé au grand public, le jeune Cheb Hasni. Dès lors, les portes du succès allaient s'ouvrir et, au fil des galas, il parvient à gagner en maturité. Cheb Hasni, le chanteur sentimental s'impose comme la plus grande star du raï. L'homme n'est plus. L'artiste, roi indétronable de la chanson sentimentale, lui, a survécu, car il est toujours présent dans les cœurs de ses fans. Nourri du vécu même de la jeunesse algérienne, il racontait celle-ci à travers différents thèmes, tous en rapport avec la société dans laquelle elle est ancrée. «Cheb Hasni est un phénomène musical. Son succès tient à son style de musique et à ses chansons qui sont puisées dans la réalité de la jeunesse algérienne. C'était un artiste jeune, et à l'écoute de la jeunesse algérienne. Il était proche d'elle. Hasni signifie à lui seul une jeunesse, une génération. Il a chanté l'amour et l'espoir. Il a chanté à un moment où la jeunesse avait besoin de sourire et d'espérer. Et jusqu'à présent, cette jeunesse, on la ressent encore, on la vit. C'est un chanteur intemporel, même après sa disparition, ses chansons touchent encore la jeunesse algérienne. Il reste d'actualité», dira Nawal Belghoul.Notons que La dernière chanson, ce film consacré en 2008 à la vie et au parcours musical de cheb Hasni, a été réalisé par Messaoud Elâïeb et écrit par Fatima Ouazen.