Destruction n Ils sont de plus en plus nombreux les patrons de pêche, les armateurs, les marins pêcheurs et les citoyens d'El-Kala, à hausser le ton pour dénoncer le «massacre» du récif corallien de la côte d'El-Tarf, par des individus avides de gain facile. Pour des pêcheurs de cette localité littorale, la «destruction programmée» du corail a atteint «un seuil intolérable» dès lors qu'elle se répercute sur la faune marine. Selon eux, des bancs entiers de poissons, qui se nourrissent de plancton de corail, «fuient» en effet vers des endroits plus cléments. Mohamed-Tahar B., un patron de pêche, soulignant la «gravité» de cette situation, a assuré, que le gros poisson, communément appelé «la pièce» se fait de plus en plus rare et que la pêche à la sardine est beaucoup moins conséquente. «Nous n'arrivons plus à couvrir les frais d'une sortie en mer en chalutier», soutient ce professionnel, appelant au «renforcement de la surveillance pour mettre un terme à ce massacre». Se disant conscient des «efforts déployés par les services compétents» chargés de la surveillance de cette richesse, Rachid H., en vieux marin pêcheur averti, estime que les pouvoirs publics «doivent tout mettre en œuvre pour stopper le massacre pour éviter que tout le secteur de la pêche dans cette région n'en pâtisse irrémédiablement». Quelques-uns parmi les autres pêcheurs d'El-Kala, se disent «soucieux de la protection de la faune et de la flore marines» et estiment qu'«il est temps d'employer les grands moyens pour lutter contre ces comportements et préserver cet inestimable cadeau de la mer qu'est le corail». Youcef, un vieux patron de pêche à la retraite, s'en remet aux pouvoirs publics qui devraient, considère-t-il, «faire appel à des experts en milieu marin pour leur indiquer quels sont les moyens appropriés à mettre en œuvre pour stopper, ou du moins, freiner la destruction du récif corallien. De leur côté, les services en charge du secteur de la pêche et des ressources halieutiques ont mis en place, de concert avec les services de surveillance du littoral, toute une batterie de mesures, ainsi que celles qui existent déjà, pour mettre un terme à cette situation. Une note a été, dans ce contexte, diffusée à l'intention des plaisanciers, leur interdisant de s'aventurer au-delà d'une certaine distance de la côte. Une décision qui est apparemment respectée puisque plusieurs embarcations sont restées à quai pendant plusieurs jours. Selon les services concernés, les braconniers organisent généralement des sorties en bateau, durant lesquelles ils font des séances de plongée pour piller «l'or rouge» des profondeurs. Ils utilisent aussi, parfois, des «croix de Saint-André» en ciment pour racler le fond marin et récolter ainsi le corail qui s'y trouve. Ces services, qui affirment déployer tous les efforts nécessaires pour préserver cette ressource estiment que cette «prise de conscience» des marins, des pêcheurs et des habitants d'El-Kala, si elle se confirme au quotidien, est l'une des meilleures «armes» pour mettre en échec les trafiquants de tous bords. R. L. / APS