Résumé de la 2e partie n Tom Murray est surpris qu'aucun journal ne relate la disparition de Sally... N'y comprenant rien, n'ayant aucun moyen d'exercer son chantage odieux, Tom Murray se retrouve donc à la tête d'un kidnapping sans aucun intérêt pour lui. Que va-t-il faire ? Relâcher l'enfant, c'est courir le risque d'être arrêté sous peu. Surtout avec ses antécédents. Et à dix ans une fillette est parfaitement capable de le décrire : oreilles décollées, cheveux ras, cicatrice sur la joue droite, grand, fort, et pour comble, un œil marron et un œil vert. Des yeux pers. De quoi se faire repérer à tous les carrefours. Non, il ne peut pas relâcher Sally. Il faut attendre. Sally a pleuré toute la semaine. Impossible de la faire manger, impossible de la faire dormir. Dans la chambre meublée où il a élu domicile, Tom Murray tourne en rond, ou furieux. Il ne sait plus quoi inventer. «Qu'est-ce que je vais faire de toi, maintenant, hein ? Tes parents ne veulent plus de toi, ils s'en fichent ! — C'est pas vrai ! — Si, c'est vrai ! Ils me l'ont dit. Ah ! et puis arrête de pleurer, hein ! sinon je vais me fâcher pour de bon, et te mettre en prison !» Le mot «prison» a toujours autant d'effet sur Sally. Dieu sait ce qu'elle imagine. Elle retient ses larmes, se mord les doigts et regarde Tom Murray, terrifiée. «Je serai sage, je vous le promets, monsieur.» Sage ! Possible, mais en attendant, que faire de cette gosse encombrante ? Tom a tout essayé pour lui faire dire l'adresse de ses parents, ou quelque chose qui puisse le mettre sur la voie. Il a refait lui-même le chemin en partant de chez le marchand d'oranges, il a bien repéré l'école, mais après ? Il n'allait tout de même pas se présenter à la directrice pour savoir où habitait Sally ! D'ailleurs l'aurait-il su enfin, que cela ne l'aurait guère avancé. A la question «Combien gagne ton papa ?», Sally a répondu : «Je sais pas, monsieur, maman dit toujours qu'on n'a pas assez d'argent. Elle fait de la couture le dimanche pour en gagner plus. Elle coud bien, maman, c'est elle qui a fait ma robe.» Jolie robe en effet, sur une jolie petite fille, de quoi faire prendre une pauvresse pour une gosse de riche à un kidnappeur mal informé. Tom Murray décide soudain : «Allez ! On s'en va. Où on va, monsieur ? — En Californie, comme ça tu mangeras des oranges. — Est-ce que je peux écrire à mes parents ? — Et où tu veux leur écrire ? Tu ne connais même pas ton adresse ! — Mais vous, vous la connaissez, monsieur. Vous avez vu mes parents, puisqu'ils vous ont dit qu'ils ne voulaient plus de moi !» Il aurait dû s'y attendre, bien fait pour lui. «Ecris-leur si tu veux, de toute façon, ils ne te répondront pas. Allez, en route.» A la gare, Tom Murray achète un dernier journal qu'il fourre dans sa poche. Il n'a plus d'espoir, de toute façon. On doit croire que la gamine est morte. Une chance pour lui, mais il est inquiet tout de même, et pour plus de sécurité, Sally avale un comprimé de somnifère. Dans le train, les voyageurs regardent l'enfant dormir sur les genoux de son «père», et Tom Murray invente des histoires. «Sa mère vient de mourir en Californie. Nous allons à l'enterrement.» Ou bien : «Ma fille est bien malade, je l'emmène au soleil, et refaire une santé.» Il en oublie le journal. C'est en attendant une correspondance que Tom Murray le parcourt. Sally, affalée contre lui, est toujours endormie. Et ce qu'il lit le laisse pantois. A suivre Pierre Bellemare