Résumé de la 106e partie n Poirot est nerveux : il ne parvient pas à trouver le dernier maillon qui innocenterait Cavendish... Qu'y a-t-il ? demandai-je. D'un grand coup de poing sur la table, Poirot démolit l'édifice si soigneusement construit. — Voici, mon ami. Je puis vous bâtir des châteaux de cartes de sept étages de haut, mais je ne puis trouver le dernier chaînon. Comme je ne savais que dire, j'observai un silence prudent, et il se remit à édifier lentement une autre construction éphémère tout en parlant par phrases saccadées. — Cela se fait ainsi ! En plaçant une carte sur l'autre, avec une précision mathématique ! Le château de cartes s'élevait sous ses mains, étage par étage. Il n'hésitait point. On eût presque dit un tour de prestidigitation. — Quelles mains sûres vous avez ! remarquai-je. Je crois bien que je ne les ai vues trembler qu'une fois. — Sans doute, s'agit-il d'une occasion où j'étais enragé ! observa Poirot très placidement. — Ah ! certes oui ! Vous étiez dans une rage folle. Vous souvenez-vous ? C'était lorsque vous avez découvert que la serrure de la mallette de Mrs Inglethorp avait été forcée. Vous vous teniez près de la cheminée dont vous tripotiez les ornements à votre façon habituelle, et votre main tremblait comme une feuille. Je dois dire que... Mais je m'arrêtai brusquement Car, poussant un cri rauque et inarticulé, Poirot annihila de nouveau son château de cartes et, se cachant les yeux derrière ses mains, il se balança d'avant en arrière, comme en proie à la plus affreuse angoisse. — Grands dieux, Poirot, qu'est-il arrivé ? m'écriai-je. Etes-vous malade ? — Non... non... C'est, c'est que j'ai une idée. — Oh ! m'écriai-je très soulagé. Une de vos petites idées. — Ah ! ma foi, non ! répliqua Poirot franchement. Cette fois, c'est une idée gigantesque ! Stupéfiante ! Et c'est à vous, à vous, mon ami, que je la dois. Et me saisissant tout à coup dans ses bras, il m'embrassa chaleureusement les deux joues. Puis, avant que je fusse revenu de ma surprise, il se précipita hors de la chambre. Mary Cavendish entrait à ce moment. — Que peut bien avoir M. Poirot ? Il m'a bouleversée en courant et en criant : «Un garage ! Pour l'amour du ciel, indiquez-moi un garage !» Et, avant que j'aie pu lui répondre, il était déjà dans la rue. Je courus à la fenêtre. En effet, j'aperçus Poirot, sans chapeau, dégringolant la rue à toute allure en gesticulant. Je me tournai vers Mary avec un geste de désespoir. — Il va se faire arrêter. Tiens! Voilà qu'il a disparu au tournant. Nos regards se rencontrèrent. — Que peut-il bien se passer ? Je secouai la tête. — Je ne sais. Il était en train de construire des châteaux de cartes, quand il s'est tout à coup écrié qu'il avait une idée, et il a filé, comme vous avez vu. A suivre D'après Agatha Christie