Résumé de la 95e partie n Dorcas apprend à Mary que John Cavendish, son époux, a été arrêté... Je vis une lueur étrange filtrer dans le regard de Dorcas. — Non, monsieur. Pas Mr Laurence, Mr John ! Mary Cavendish s'appuya lourdement sur moi en poussant un grand cri, et, comme je me retournais pour la soutenir, je rencontrai le regard triomphant de Poirot. Le procès de John Cavendish, accusé de l'assassinat de sa belle-mère, eut lieu deux mois plus tard. Je parlerai peu des semaines intermédiaires, durant lesquelles ma sympathie et mon admiration allèrent sans réserve à Mary Cavendish. Elle se rangea passionnément du côté de son mari, repoussant avec mépris l'idée même de sa culpabilité, et lutta pour lui de toutes ses forces. J'exprimai mon sentiment à Poirot qui hocha la tête d'un air peiné. — Oui, elle appartient à cette catégorie de femmes qui se montrent sous leur meilleur jour dans l'adversité. Cela fait ressortir tout ce qu'elles ont de meilleur et de plus loyal. Son orgueil et sa jalousie ont… — Sa jalousie ? répétai-je, surpris. — Oui. Ne vous êtes-vous pas rendu compte que c'est une femme très jalouse ? Comme je le disais, son orgueil et sa jalousie ont été mis de côté. Elle ne songe plus qu'à son mari et à la terrible fatalité suspendue sur sa tête. Il parlait avec émotion, et je le regardai, me souvenant de ce dernier après-midi où il hésitait, ne sachant s'il lui fallait parler ou non. Et, songeant à sa tendresse pour tout ce qui touchait le «bonheur d'une femme» j'étais heureux qu'il n'eût pas à prendre de décision. — Même maintenant, dis-je, j'arrive à peine à le croire. J'étais convaincu jusqu'à la dernière minute qu'il s'agissait de Laurence. Poirot ricana. — Je le sais ! — Mais John, mon vieil ami John ! — Tout assassin est sans doute le vieil ami de quelqu'un, dit Poirot philosophiquement. On ne peut pas mêler le sentiment et la raison. — J'avoue que vous auriez bien pu me prévenir. — Peut-être ne l'ai-je pas fait, précisément parce qu'il était votre ami. Je fus un peu déconcerté par ces paroles, me souvenant avec quelle hâte j'avais communiqué à John les soupçons dont Poirot, selon moi, entourait Bauerstein. Ce dernier, soit dit en passant, avait été acquitté. Néanmoins, bien que son adresse eût détourné L'accusation d'espionnage, ses ailes étaient rognées pour l'avenir. Je demandai à Poirot s'il croyait à la condamnation de John. A ma surprise intense, il me répondit qu'il y avait au contraire beaucoup de chances pour qu'il fût acquitté. — Voyons, Poirot ! protestai-je. — Oh ! mon ami, ne vous ai-je pas dit tout du long que je n'ai point de preuves ? C'est très différent de savoir qu'un homme est coupable, et de prouver qu'il l'est. Et dans ce cas, il y a si peu de preuves. C'est là toute la difficulté. Moi, Hercule Poirot, le sais, mais il me manque le dernier maillon de la chaîne. A moins de trouver ce maillon... A suivre D'après Agatha Christie