La détresse des cancéreux algériens ne semble pas avoir de limites. Confrontés depuis longtemps au problème récurrent du manque de médicaments, voilà que pour boucler la boucle le service de radiothérapie au CPMC du CHU Mustapha, dépassé et manquant de moyens, se voit dans l'incapacité de les recevoir avant plusieurs mois, le temps pour nombre d'entre eux de partir vers un monde meilleur. Cela semble indécent comme façon de présenter le problème, mais il n'y en a pas d'autre malheureusement. Ce dimanche matin, les malades cancéreux tiraient encore la sonnette d'alarme. La fermeture du service de radiothérapie au Centre Pierre-et-Marie-Curie au CHU Mustapha est perçue comme «une interdiction à la vie», nous dit une malade. La situation au niveau de ce service n'est pas nouvelle, «elle s'est toutefois dégradée encore beaucoup plus ces derniers mois. Si les pouvoirs publics ne prennent pas des dispositions en urgence, il ne faut pas avoir peur de dire que les responsables du secteur feront l'objet de poursuites pour non-assistance à une population de cancéreux en danger de mort», déclare un médecin de ce centre. «Il ne faut pas avoir peur de dénoncer ce comportement irresponsable du ministre de la Santé, M. Ould Abbès et celui du ministre de Travail et de la Sécurité sociale Tayeb Louh», clame-t-il. La situation est telle que les nouveaux admis se voient accorder des rendez vous au-delà du premier semestre de l'année 2012. «Tout le temps pour mourir», ajoute ce médecin. La détresse des malades est résumée par Mme Hamida Kettab, Secrétaire générale de l'Association El-Amel, d'aide aux personnes atteintes de cancer. «La panne de l'appareil depuis jeudi dernier, n'est pas aussi grave que la situation que vivent les malades depuis longtemps. Beaucoup de malades meurent en silence. Depuis plusieurs mois, le service de radiothérapie n'assure plus de centrage, qui consiste à localiser le champ de radiation, ce qui est la base d'une radiothérapie», dit-elle et de poursuivre : «Actuellement, le service prend uniquement en charge les anciens malades pour des contrôles uniquement.» Dans les couloirs du CPMC, c'est la colère. «Pour des soins d'esthétique à des pontes, la Cnas ne trouve pas d'objections, ce qui n'est pas le cas de la situation des patients cancéreux», dénonce une malade de la région d'El-Oued, qui use ici ses pantoufles depuis plus d'une quinzaine de jours. Plus virulent encore, un patient crie sa colère à la face de plusieurs «blouses blanches». «Pour les responsables et les riches, le ministère du Travail a signé des conventions avec Europe-Assistance. Pour ce qui concerne le ‘'petit'' peuple, cela fait longtemps que nous avons compris que nous n'avons plus droit à la vie.» Il y a lieu de noter que 28 000 patients nécessitent annuellement une prise en charge au niveau de ce service, or tous les centres existants, n'ont qu'une capacité d'accueil maximale de 8 000 malades/an. Ce qui soulève le courroux des membres de l'association El-Amel, qui proposent une solution qu'ils disent «semblable à un plan Orsec. Pour pallier l'urgence, il faudrait signer des conventions avec des pays étrangers, en attendant la réalisation de structures promises depuis toujours par le ministre de la Santé. Quant au ministre du Travail, il doit cesser de faire de l'opposition dans le cas de cette frange de la société, puisqu'il s'agit de vie ou de mort. Aussi, ce ministère par le truchement des caisses de sécurité sociale, gère l'argent des cotisations des travailleurs. L'article 54 de la Constitution est clair à ce sujet, le citoyen a tous les droits pour des soins adéquats».