Parcours - Abderrahmane Ouatou est un plasticien qui nourrit une passion pour la photographie. C'est ainsi qu'il associe l'une à l'autre avec autant d'imagination que de sensibilité. «J'aime la photographie parce que c'est une forme d'expression qui n'a pas de frontières et aussi parce que cela me permet, non seulement de reproduire, d'une façon comme d'une autre, le réel, mais aussi de saisir le moment, l'instantané d'un point de vue artistique.» Abderrahmane Ouatou, qui confie avoir exploré la photographie du fait que, sur le plan technique, c'est un geste rapide ne nécessitant pas autant de temps que la peinture pour la réaliser, souligne qu'il est motivé par une curiosité artistique. «Si je passe de la peinture à la photographie, explique-t-il, c'est aussi parce que j'éprouve le besoin de sortir de la toile et de dépasser cet espace qui est figé ; et en associant l'une à l'autre, c'est-à-dire la peinture à la photographie, en ajoutant ou en combinant des éléments, c'est pour me permettre de donner une vivacité à ma création.» C'est ainsi que l'artiste, pour qui la peinture est la matière première de la réflexion alors que la photographie – associée à celle-ci – en est le prolongement, va au-delà du geste primaire, classique, académique, ce même geste utilisé et répété en peinture. Outre la peinture ou la photographie, Abderrahmane Ouatou passe à un autre registre de la création. Il explore une forme d'expression artistique, à savoir la vidéo. «Je suis passé également à la vidéo, en fait, je n'y suis pas passé, c'est mon souci premier : j'ai toujours voulu faire de la vidéo dans mon travail de création, seulement à l'époque faire de la vidéo nécessitait beaucoup de moyens (une caméra qui coûtait cher, il fallait louer une cellule de montage), ça été quasiment impossible d'en faire ; mais avec l'essor et la vulgarisation des moyens technologiques, il est possible et facile surtout d'utiliser la vidéo dans un travail de création.» Ainsi, l'artiste aux multiples talents, a le souci d'embrasser divers supports ou techniques de création. «Ce besoin d'embrasser plusieurs techniques et formes d'expression, s'explique par cette envie, cette curiosité de chercher tout le temps et de vouloir mener un travail de réflexion», estime-t-il, et d'ajouter : «C'est aussi le fait, peut-être, de ne pas être satisfait qui m'a poussé à m'essayer à diverses formes d'expression. Ce qui m'intéresse vraiment lorsque je compose avec tous ces outils n'est pas le fait d'atteindre un but, d'aboutir à un résultat, mais ce qui est motivant c'est bien ce moment où je me livre à la création. C'est un instant stimulant, indescriptible, de pure béatitude.» Abderrahmane Ouatou, qui vagabonde effectivement entre peinture, photographie ou vidéo, se dit n'être à l'aise que momentanément dans un support ou dans l'autre. «Quand je me lasse d'un tel support de création, je passe alors à un autre. Je suis en fait mon inspiration, mon humeur, ma sensibilité et mon imaginaire», confie-t-il. Abderrahmane Ouatou, qui confie avoir d'autres projets notamment dans la réalisation de court-métrage, expose au Palais des raïs (Bastion 23) dans le cadre de la 2e édition du Festival national de la photographie d'art. Sa création consiste en une installation vidéo. Elle a pour titre «D'une image à l'autre». «Je travaille sur la mémoire», explique-t-il, avant de poursuivre : «Tout s'articule autour du souvenir, c'est-à-dire que je cherche à montrer comment une personne, à partir d'éléments ou d'objets qu'elle touche, peut provoquer en elle un retour en arrière. C'est ce qu'on appelle dans le cinéma un flash-back. J'ai commencé alors à y travailler et à chercher en conséquence quels sont ces éléments qui procurent en chacun pareille sensation. J'ai donc fini par trouver la chose que tout le monde connaît et qui, à un moment de sa vie, a touché, à savoir un coquillage. Tout le monde a un rapport, une histoire avec un coquillage ; celui-ci nous plonge dans le passé. Il nous rappelle la plage, notre enfance.» Dans sa création où l'on voit dans une image une femme et dans une autre une petite fille, reliée l'une à l'autre par un coquillage que l'on trouve dans toutes les séquences de la vidéo, l'artiste effectue un travail plastique, il mène une narration dans un mouvement d'aller vers le passé et de retour vers le présent.