Cela fait douze ans que le chantre de la musique populaire, Rachid Nouni, a disparu, et peu d'hommages à la hauteur de son talent lui ont été rendus. L'erreur semble être en voie de réparation, par un panel d'artistes qui sera présent le 16 octobre à l'hôtel Ansar de Blida, sous l'égide du Syndicat national des artistes, section de Blida. M. Benyoucef, secrétaire général de la section, annonce ainsi la venue certaine des chanteurs Kamel Choumane, Mohamed Mattar, Abdelkader Chercham, Abdelmadjid Meskoud, Abdelkader Chaou, Kamel Bourdib. Il y aura également le fils de Boudjemaâ El Ankis, Hakim, et sûrement le père, comme cerise sur le gâteau. Rachid Nouni est mort le 2 mars 1999 à l'âge de 56 ans d'un cancer, il a laissé un garçon et des filles pratiquement sans défense devant la dureté de la vie. Lui-même se demandait de son vivant et durant sa maladie, qu'il savait inguérissable et le condamnant à la mort, ce que deviendraient les enfants qui avaient déjà perdu leur mère quatre années auparavant. Employé de banque et fonctionnaire dans une entreprise privée, il se faisait de plus en plus rare dans les manifestations culturelles à l'époque et préférait se faire oublier petit à petit alors que son public s'inquiétait pour lui. Ses séjours au CHU Frantz-Fanon devenaient un lieu de rendez-vous de tous les mélomanes et lui, avec sa gentillesse légendaire, n'osait pas refuser ces témoignages qui le tranquillisaient, il faut le dire, quant à l'intérêt que lui portait toujours le monde du chaâbi qui savait qu'il allait perdre un «guide». Ismet Benomar, artiste et mélomane, l'«arrachera» un jour à ce monde du silence en organisant pour lui au quartier El-Djoun, une sorte de rencontre d'adieu. Tout le monde se taisait sauf… Nouni le maître qui gratta quelque peu la guitare, replongeant, un court moment, l'assistance dans la fragilité de la bougie qui illuminait encore la vacillante image d'un art superbement véhiculé par l'un de ses ténors.