On ne sait quoi penser de ce récit de Haëdo, qui devait comporter sans doute des inventions, mais auquel beaucoup d'historien vont accorder de l'intérêt. Quoi qu'il en soit, Arouj s'engage très jeune dans la course. Il a vite compris, à l'époque, que c'était une activité qui pouvait lui ouvrir à la fois les portes de la fortune. Mais il ne doutait pas encore, à l'époque, qu'elle allait aussi lui apporter la gloire et faire de lui un redoutable homme de guerre, avec sous ses ordres plusieurs villes, dont Alger, qui va devenir, grâce à lui, puis à son frère, l'une des bases de la résistance maghrébine à la croisade africaine, entreprise, en ce début de XVIe siècle, par la très catholique Espagne. Voilà donc le jeune Arouj sur un vaisseau, se lançant sur les mers, donnant la poursuite aux navires chrétiens. La piraterie était à l'époque répandue en Méditerranée et elle n'était pas, comme les historiens de la colonisation ont essayé de le faire croire, le seul fait des musulmans. En fait, tout le monde s'y adonnait : Anglais, Espagnols, Français écumaient les mers à la recherche de bateaux à piller et de voyageurs à rançonner. Il faut signaler aussi que les corsaires, haïs par leurs ennemis, étaient encouragés et même soutenus, par des Etats qui y voyaient un moyen de combattre leurs ennemis.