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Kamel Zouaoui
«Le conte de Djoha m'enrichit»
Publié dans Info Soir le 25 - 10 - 2011

Vocation - Kamel Zouaoui, Français d'origine algérienne, se dédie au conte et se passionne plus particulièrement, pour les aventures de Djoha, fou pour les uns, sage pour les autres.
Kamel Zouaoui aime conter, mettre en situation ou jouer encore les contes. Il écrit aussi. Il touche à tout. «J'essaie d'être le plus varié possible», dira-t-il, et d'ajouter : «Mais depuis ces dernières années, je me suis dédié aux aventures de Djoha. Parce que c'est enrichissant. Le conte de Djoha m'enrichit, me nourrit au sens spirituel et aussi humain. Il me fait aussi voyager, il m'offre la possibilité de voir les choses différemment.» Quant à savoir pourquoi il a choisi Djoha, Kamel Zouaoui répondra : «J'ai, en fait, le sentiment que Djoha m'a choisi. La première fois que j'ai pris connaissance des aventures de Djoha, c'est grâce à un petit livre qu'un ami m'a offert, c'étaient de courtes aventures, et petit à petit, je me suis mis à les lire, et au fil de mes lectures, ces histoires ont fini par prendre une place très importante dans ma vie, si bien qu'elles ont orienté certaines décisions de mon existence, précisant que la teneur universelle et le bon sens des aventures de Djoha ont fait que très vite je m'en suis imprégné, et un jour j'ai eu l'impression que ces histoires m'avaient choisi.»
Ce qui nous interpelle dans les aventures de Djoha, c'est leur dimension intemporelle. Elles abordent l'actualité que nous vivons, telles la différence, l'exclusion, l'intolérance…
«J'aborde, en effet, à travers Djoha, l'actualité, car là où je suis né et où je vis, j'ai le sentiment que le lien intergénérationnel, interculturel... a été coupé», explique-t-il, et de souligner : «J'ai le sentiment qu'on essaie de nous faire croire qu'on n'est pas fait pour vivre ensemble, et j'essaie de faire, à travers ce travail, un contre-travail de ces énergies-là. C'est pour dire qu'au contraire, en vivant ensemble on peut avancer. La nature a horreur du vide, et il y a un vide imposé par les murs qui ont été construits, et les histoires de Djoha, je les utilise comme un pont afin de ramener les gens vers les choses essentielles.»
Si le conte de Djoha est intemporel, le personnage lui-même est universel.
A une question sur le rapport qu'il peut y avoir entre Djoha et notre époque, Kamel Zouaoui répond : «Il est un témoin important, un phare. Djoha peut être pour les âmes ce qu'un phare est pour les bateaux. C'est qu'il est porteur de bon sens, bien sûr qu'au Maghreb on le considère comme un fou, comme quelqu'un d'idiot, mais il a une telle sagesse dans tout ce qu'il propose dans les métaphores, il donne, quand on sait entendre le sentiment, que l'on est d'un même monde et que l'on est de passage, donc Djoha est plus que nécessaire aujourd'hui dans notre époque.»
D'où l'autre question : peut-on dire qu'il est fou ou sage, et il semble que, selon Kamel Zouaoui, «il est nécessairement les deux à la fois, c'est-à-dire la sagesse entre la folie et la folie entre la sagesse. »
Djoha est un phare pour les âmes et dans chaque société et à n'importe quelle époque, chacun se reconnaît en ce personnage unique, il s'identifie à lui. Car il y a une part de Djoha en chacun de nous. «Il y a, bien sûr, une part de Djoha en chacun de nous», estime-t-il, et d'ajouter : «Les gens qui écoutent et surtout qui savent écouter les aventures de Djoha ne sont pas fondamentalement mauvais.» Kamel Zouaoui cherche à transmettre et à dire, à travers les contes qu'il partage avec son public, que «les choses peuvent être tellement simples ou graves». Il explique que la particularité du conte, c'est qu'il permet d'aller au-delà des frontières. «Le conte ouvre des portes et des fenêtres, il offre à chacun la possibilité de réaliser, d'être un metteur en scène, d'être un inventeur, d'être un comédien notamment de sa propre existence et de sa propre histoire», et de conclure : «Je mets en situation les contes, je suis bavard et mon corps l'est aussi, et au fur à mesure que je les conte, je les mets en mouvement. Je donne vie aux personnages.»


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