De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Alors que des associations ont résolu de s'occuper de son côté matériel, le patrimoine immatériel reprend petit à petit sa place dans les préoccupations de la société civile oranaise. Particulièrement grâce à une association locale, Le Petit Lecteur, qui a décidé de prendre à bras-le-corps la problématique de la diffusion des contes, notamment en organisant une manifestation annuelle dans le but de mettre en rapport des conteurs venus de différents horizons du monde avec le public oranais.Des rencontres dédiées aux contes pour enfants seront aussi bientôt organisées avec pour objectif annoncé de mettre en exergue l'importance du patrimoine légué par la tradition orale à travers les différentes régions du pays, selon les responsables de cette association. L'action permettra aux conteurs algériens des quatre coins du pays de se produire devant le jeune public en relatant des histoires et des légendes du terroir, a-t-on expliqué lors de la 4ème édition du conte pour enfants qui a eu lieu en mars dernier. Manifestation qui, sous le thème «conte, la mémoire vivante» avait vu une vingtaine de conteurs algériens, congolais, français, guinéens et libanais narrer les péripéties et aventures de Djoha et d'autres héros légendaires, à des élèves dans les établissements scolaires ou à des pensionnaires des centres de santé tel celui des insuffisants moteurs cérébraux (IMC) de Misserghine, localité à l'ouest d'Oran. Un bibliobus avait également été mis à disposition pour faire bénéficier un maximum d'enfants, notamment dans les zones rurales. Effort supplémentaire pour sauver le conte et l'espiègle Djoha de l'oubli, un recueil de contes autour des épopées de personnages mythiques du Bassin méditerranéen est en cours d'élaboration dans le cadre d'un programme culturel international, une démarche qui consiste à encourager les enfants des pays du Bassin à collecter des histoires sur le rusé Djoha en sollicitant la mémoire de leurs parents ou de personnes adultes. Le Petit Lecteur vise ainsi à sauver ces légendes en les transcrivant dans un livre qui, à terme, sera édité en arabe, français et italien. Le conte, a écrit Mouloud Mammeri, est un lieu où «toutes les merveilles sont à portée de désir et tous les vœux sont miraculeusement exaucés, comme dans les rêves, ou cruellement déçus comme dans la réalité». Et c'est ce lieu magique que les responsables du Petit Lecteur tentent de sauver pour préserver un peu de rêve dans un monde tellement désillusionné. Et, qui sait, peut-être que dans quelques années, si nous tapons Djoha sur un moteur de recherche d'Internet, nous trouverons autant de résultats que pour Robin des Bois. Car, pour le moment, le héros anglais du Moyen Âge l'emporte haut la main avec 3 270 000 réponses contre près d'un million de résultats cumulés pour notre héros méditerranéen dans ses différentes calligraphies (Djoha, Djeha, Djéha ou Jeha).