Etat - Que ce soit à la maternité du CHU de Mustapha-Pacha, celle de Belfort, de Beni Messous, ou du CHU de Kouba, le tableau est le même : terne et morbide. La saleté saute aux yeux dans les chambres, les sanitaires, le bloc d'accouchement et même le bloc opératoire ne semble pas avoir échappé à cette règle intolérable dans les structures hospitalières qui se respectent. Les parturientes découvrent avec effroi, pendant leur séjour, une literie et des matelas maculés, un véritable vivier de bactéries, des sanitaires bouchés et, par-dessus tout, la présence de rats, cafards et fourmis qui ne semblent déranger personne. Faisant l'énumération de toutes les insuffisances, les témoignages des femmes ayant accouché dans les maternités déjà citées nous informent, on ne peut mieux, sur la situation explosive et paradoxale qui sévit dans ces tristes structures, compte tenu de la pérennité de cet état de fait. Le comportement de certaines infirmières, de gynécologues, du personnel paramédical et, le comble, de certaines femmes de ménage est, témoignent-elles, à la limite de l'insulte. Toutefois, celles qui sont le plus montrées du doigt sont les sages-femmes. En plus de rabrouer les femmes en instance d'accoucher, elles sont, à en croire les propos des parturientes rencontrées à la maternité de Belfort et de Mustapha, indifférentes à leurs souffrances et refusent de répondre lorsqu'elles font appel à leurs services en matière, notamment d'information, sur leur état de santé. Fait encore plus troublant, dans la plupart, si ce ne sont dans toutes les maternités publiques – en raison du nombre important de femmes qui affluent dans ces établissements et l'incapacité de ces derniers à faire face en raison du nombre insuffisant de places disponibles – les plus chanceuses sont installées, tête-bêche, à deux, voire à quatre, dans un même lit. D'autres, cependant, sont à même le sol, sur de simples couvertures. Un cas de figure très répandu à la maternité de Kouba et de Beni-Messous. Une image qui rappelle, étrangement, les SDF du Square Port Saïd, la nuit.