Résumé de la 1re partie - La conversation entre oiseaux et fleurs est subitement interrompue par le galop de deux chevaux... Les autres roses, en voyant s'éloigner leur sœur, se demandent l'une à l'autre : Où peut-elle bien aller ? Aucune ne le savait. Parfois je souhaite pouvoir me lancer à travers le monde, dit l'une d'elles ; mais réellement je me trouve très bien ici : le jour, le soleil y donne en plein ; et la nuit, je puis admirer le bel éclat lumineux du ciel à travers les petits trous du grand rideau bleu. C'est ainsi que dans sa simplicité elle désignait les étoiles. Nous apportons ici l'animation et la gaieté, reprit la mère moineau. Les braves gens croient qu'un nid d'hirondelles porte bonheur, c'est pourquoi l'on ne nous tracas-se pas ; on nous aime au contraire, et l'on nous jette de temps en temps quelques bonnes miettes. Mais nos voisins, à quoi peuvent-ils être utiles ? Ce grand rosier, là contre le mur, ne fait qu'y attirer l'humidité. Qu'on l'arrache donc et qu'à sa place on sème un peu de blé. Voilà une plante profitable. Mais les roses, ce n'est que pour la vue et l'odorat. Elles se fanent l'une après l'autre. Alors, m'a appris ma mère, la femme du fermier en recueille les pétales. On les met ensuite sur le feu pour que cela sente bon. Jusqu'au bout de leur existence, elles ne sont bonnes que pour flatter les yeux et le nez. Lorsque le soir approche et que des myriades d'insectes se mettent à faire des rondes dans les vapeurs légères que le soleil couchant colore en rose, le rossignol arrive et chante pour les roses ses plus délicieux airs : le refrain était que le beau est tout aussi nécessaire au monde que le rayon de soleil. Les fleurs pensaient que l'oiseau faisait allusion à ses propres mélodies ; elles n'avaient pas l'idée qu'il chantait leur beauté. Elles n'en étaient pas moins ravies de ses harmonieuses roulades : elles se demandaient si les petits moineaux du toit deviendraient aussi un jour des rossignols. J'ai fort bien compris le chant de cet oiseau des bois, dit l'un d'eux, sauf un mot qui n'a pas de sens pour moi : le beau : qu'est-ce cela ? A vrai dire, ce n'est rien du tout, répondit-elle ; c'est si fragile ! Tenez, là-bas au château, où se trouve le pigeonnier dont les habitants reçoivent tous les jours pois et avoine à gogo (j'y vais quelquefois marauder et y présenterai un jour), donc, au château ils ont deux énormes oiseaux au cou vert et portant une crête sur la tête : ces bêtes peuvent faire de leur queue une roue aux couleurs tellement éclatantes qu'elles font mal aux yeux : c'est là ce qu'il y a de plus beau au monde. Eh bien, je vous demande un peu : si l'on arrachait les plumes à ces paons (c'est ainsi qu'on appelle ces animaux si fiers), auraient-ils meilleure façon que nous ? Je leur aurais depuis longtemps enlevé leur parure, s'ils n'étaient pas si gros. Mais c'est pour vous dire que le beau tient à peu de chose. Attendez, c'est moi qui leur arracherai leurs plumes ! s'écria le petit moineau, qui n'avait lui-même encore qu'un mince duvet. Dans la maison habitaient un jeune fermier et sa femme ; c'étaient de bien braves gens, ils travaillaient durement ; tout chez eux avait un air propre et gai. Tous les dimanches matin, la fermière allait cueillir un bouquet des plus belles roses et les mettait dans un vase plein d'eau sur le grand bahut. (A suivre...)