Pour beaucoup de spécialistes algériens et autres experts, ministres actuels et anciens, le Printemps arabe n'est autre qu'une manœuvre et manipulation orchestrées par «l'ennemi de l'Islam, l'Occident en l'occurrence, les USA et ses alliés européens». C'est cette thèse qui a été largement débattue hier dans une conférence-débat au CRSS de Ben Aknoun. Cette rencontre a été marquée par la participation d'éminents experts dans la politique et les relations internationales, des doctorants et professeurs d'universités, de ministres tels que Abelaziz Belkhadem, et même des militaires tel le général major à la retraite M. Medjahed. Pour M. Barqouq, expert international et modérateur des débats, des figures emblématiques des révolutions du Printemps arabe sont une pure invention de l'Occident pour mener des soulèvements populaires contre les régimes arabes. «Rached Ghanouchi, Borhane Goliune et Ali Kaouki, ainsi que de beaucoup de personnalités libyennes post-Kadhafi, sont formés et manipulés par la France depuis 1995. La mission qui leur a été assignée est de mener un jour, des mouvements de rébellion et de contestation contre les régimes arabes dictatoriaux», analysera encore M. Barqouq. Le thème de l'islamisme politique et son impact sur la politique dans les pays qui ont connu des soulèvements contre leurs régimes se sont taillé la part du lion lors de ces débats. Pour le Dr Sayedj, professeur à l'université d'Alger : «L'Occident, via cette opération, vise à entrevoir deux objectifs principaux : assurer la sécurité d'Israël dans la région et assurer également les ressources naturelles énormes que recèle la région du monde arabe.» Un autre intervenant, doctorant également en politique à l'université d'Alger, a analysé que le but de ces rebellions est d'assurer le contrôle «des autoroutes d'argent», c'est-à-dire assurer la transition des richesses et autres fuites des capitaux. Selon lui, le goudron de cette autoroute est bien évidemment l'Islam. Allusion faite bien entendu à la branche de blanchiment d'argent qui fait du transfert de richesse entre les pays du sud vers le nord une boîte de Pandore à surtout ne pas ouvrir. «Le peuple décide et l'Occident bénéficie», répliquera un autre intervenant. M. Belkhadem, lors de son intervention, a insisté sur le danger de l'Islam politique et son instrumentalisation par certains cercles. «La seule façon de contrer l'islamisme intégrisme, est de renforcer le courant nationaliste», affirmera encore le ministre d'Etat sans portefeuille.