Un ancien médecin de l'équipe d'Algérie defootball n'écarte pas l'éventualité d'un dopage de joueurs qui aurait entraîné les handicaps de leurs enfants, affirmant vendredi dans le quotidien El Watan que le médecin russe de la sélection ne le laissait pas accéder aux dossiers. Le Dr Rachid Hanifi rappelle que le sélectionneur de l'époque, le Russe Guennadi Rogov, avait amené un médecin russe à ses côtés. Une fois ce confrère arrivé, «je n'ai plus eu accès aux dossiers médicaux. Je pensais qu'ils faisaient des tests d'évaluation qu'ils ne voulaient pas divulguer. J'ai envoyé un rapport au directeur général du Centre national de médecine du sport et au ministère. On m'a répondu qu'il fallait laisser Rogov travailler avec son médecin. Alors, j'ai démissionné», explique le Dr Hanifi. «Le lien (avec les produits dopants) n'est pas évident mais il est possible», ajoute-t-il, troublé par le nombre d'internationaux algériens des années 80 qui ont eu des enfants handicapés. A travers la médiatisation de leur affaire, plusieurs joueurs de la sélection algérienne aux Coupes du monde 1982 et 1986 ont décidé de briser le silence. Ils réclament la vérité sur les handicaps de leurs enfants et le lien possible avec des produits dopants pris à leur insu durant les compétitions. «Nous avons décidé d'évoquer publiquement cette affaire lorsque nous avons découvert qu'il y avait pas moins de huit ex-internationaux qui ont engendré des handicapés», a déclaré mercredi l'ancien défenseur Mohamed Chaïb, père de trois filles handicapées. Les langues «des victimes» commencent à se délier. «On a tous été des rats de laboratoires», a affirmé un ancien athlète à El Watan. Il a ajouté qu'un ancien entraîneur d'athlétisme avait remis à la fin des années 70 un rapport au ministère algérien des sports sur «l'ampleur du dopage» et que non seulement il n'y avait pas eu de suite mais l'entraîneur «a été blâmé». Un autre médecin qui a requis l'anonymat a déclaré au quotidien francophone que le dopage était «quelque chose de connu à l'époque» mais que l'on ne parlait pas de lutte antidopage. Nous voulons «des réponses à des questions qui nous hantent», a déclaré M. Chaïb à El Watan A présent, les joueurs réclament l'ouverture d'une enquête pour déterminer si ces naissances d'enfants handicapés ont un lien avec des produits pris quand ils étaient eux-mêmes sportifs de haut niveau.