Les douaniers se sont déplacés en grand nombre, hier, pour soutenir leurs camarades, à leur septième jour de la grève de la faim entamée dimanche dernier au siège de la centrale syndicale à Alger. Venus de plusieurs wilayas, notamment de Constantine, Béjaïa, Boumerdès, Sétif, Chlef et Oum El Bouaghi, ils étaient plus de 250 à avoir saisi l'occasion de leur repos hebdomadaire pour braver les «représailles» qu'ils encourent de la part de leurs directions respectives pour apporter leur soutien «sans faille et indéfectible» à leurs collègues. Ils ont également tenu à dénoncer les mesures prises par l'administration et le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs douaniers, Chérafa Belkacem, qu'ils qualifient de «grave dépassement» et d'«injuste». «Les employés des Douanes subissent chaque jour des intimidations et des pressions pour ne pas se solidariser avec toute personne qui ose remettre en cause une gestion opaque et douteuse du secteur. Nous sommes opprimés. C'est pour cela que nous sommes là, pour soutenir nos frères», a tonné un officier de contrôle de l'inspection divisionnaire d'Oum El Bouaghi. Et d'ajouter avec assurance : «Mieux que ça : nous sommes prêts à faire la même chose, maintenant qu'ils nous ont tracé le chemin. Il n'y a plus ce mur de la peur comme par le passé.» Un autre haut fonctionnaire, cadre à la direction générale des Douanes, qui a requis l'anonymat, reconnaît la justesse du combat et l'intégrité des grévistes de la faim, qu'il dit bien connaître. Selon ce responsable, les grévistes sont très estimés par les travailleurs. La preuve ? Ils sont les représentants légitimes du personnel. Ils ont été élus démocratiquement pour défendre les intérêts de l'ensemble des travailleurs et faire aboutir leurs nombreuses revendications, qui restent en suspens depuis plusieurs années. «Ils ont été sanctionnés et suspendus à tort. Parce que ce sont des syndicalistes honnêtes et qui dérangent beaucoup d'intérêts. Si nous le voulions, nous aurions bloqué tous les ports de l'Algérie. Mais nous ne voulons pas paralyser une fois de plus l'activité portuaire et pénaliser l'économie nationale», a-t-il assuré. Alors que nous recueillons les témoignages des douaniers, soudain, une salve d'applaudissements accueille l'arrivée «triomphale» d'un gréviste de la faim, évacué en urgence dans la nuit de vendredi à samedi vers le CHU Mustapha Bacha pour des complications cardiaques, suite à cette «ultime action de protestation».