Rendez-vous - La célébration de la fête religieuse de l'Achoura se caractérise par plusieurs traditions reflétant l'authenticité du patrimoine social et culturel des habitants du M'zab. Les familles ghardaouies s'attachent pleinement à cette journée symbole pour revivifier et célébrer bon nombre de traditions locales culinaires qui les ramènent, une fois l'an, à l'histoire plus que séculaire de la vallée du M'zab. En effet, dès le début du mois de moharrem, les ménages se trouvent plongés dans l'ambiance de l'Achoura et se préparent à l'accueillir dans la pure tradition religieuse en organisant, au niveau des mosquées, des «dourous» sur le mois de moharrem et sur la journée de l'Achoura. Les habitants du M'zab entament cette fête par une opération de nettoiement des cimetières et le remplacement des palmes pennées par de nouvelles que l'on dispose sur les tombes, avant de se recueillir en souvenir des morts. Dans les ruelles de Ghardaïa, la vente de fèves sèches constitue le signe avant-coureur de cet événement sacré dans la tradition de la région. Il suffit de faire un tour au souk de Ghardaïa pour se rendre compte de l'effervescence qui précède le jour «j», vente de fèves sèches selon le calibre, ainsi que des fruits secs (amendes, cacahuètes, noix de cajou, raisins secs, dattes...). Traditionnellement deux plats culinaires très prisés par les habitants des ksars du M'zab dénommés en tamazight «ibaoun» (fèves) et «ouchou tini» (couscous à la sauce de dattes) sont préparés à l'occasion de la célébration de l'Achoura. «Ibaoun», ce plat du terroir incontournable pour la célébration de cette fête se prépare la veille quand la ménagère trempe dans de l'eau douce de la palmeraie de Ghardaïa des fèves et les fait bouillir à petit feu toute la nuit. Une fois décortiquées et assaisonnées avec du sel et de l'huile d'olive, ce plat se déguste dans la matinée et est distribué aux voisins et aux passants par les enfants qui chantent à tue-tête une chanson traditionnelle Aba Nouh. Selon la tradition dans le M'zab, ce plat se consomme la matinée de la veille de l'Achoura. Il s'échange entre familles pour, dit-on, renforcer les liens familiaux et la solidarité entre les habitants. Le deuxième plat est un couscous à la succulente viande de chamelon préparée dans une sauce épicée et sucrée à base de dattes dont seules les ménagères du M'zab ont le secret. Ce couscous que l'on l'assaisonne de beurre salé fondu et de raisins secs pour relever le goût, se consomme après la rupture du jeûne de l'Achoura. Par ailleurs, un mélange de confiseries, friandises et autres fruits secs sont également offerts aux enfants. Perçue comme une fête destinée aux enfants, la tradition veut que la veille de l'Achoura, les femmes mettent à leurs enfants du khôl (de l'antimoine). La plupart des habitants de la région observent un jeûne, la veille «tassouaa» (9e jour de moharrem) et le jour de l'Achoura (10e jour de moharrem) conformément à la sunna.