Nécessité - la mise en place d'un dispositif juridique pour protéger les victimes et les témoins est indispensable, estiment les spécialistes. Le harcèlement moral peut porter atteinte à l'intégrité physique et psychologique des travailleurs et doit constituer un autre cheval de bataille pour les syndicalistes, ont estimé, hier, des spécialistes lors d'un séminaire organisé par la Fondation Frederich-Ebert-Stiftung au lycée Cheikh-Bouamama, Alger. Le harcèlement moral s'exerce sous diverses formes par des responsables hiérarchiques contre des employés afin de les déstabiliser, et, dans la plupart des cas, les pousser à la démission. Contrairement au harcèlement sexuel, le harcèlement moral peut s'exercer par des paroles, des gestes, des écrits et des pressions de toutes sortes dans le milieu professionnel. «Le harcèlement moral est une réalité en Algérie et il faut que tous les travailleurs se mobilisent pour lutter contre ces dépassements qui portent un énorme préjudice à l'intégrité et à la dignité des employés», a souligné Nassera Merah, sociologue et militante pour les droits des femmes. Pour elle, les travailleurs sont appelés à s'unir pour dénoncer les comportements pervers des responsables. «Il faut briser la peur et mettre un terme à la loi du silence qui entoure ce fléau. Le harcèlement moral doit être dénoncé et ses auteurs démasqués, car si on ne lutte pas aujourd'hui contre ce fléau, il risque de s'accentuer à l'avenir», a averti l'intervenante. Toutefois, l'absence d'articles de loi relatifs à ce fléau entrave les démarches de dénonciation. «Contrairement au harcèlement sexuel, contenu dans le code pénal de 2004, aucun article de loi ne se rapporte au harcèlement moral. Il y a un vide juridique relatif à cette question qu'il faut combler. Il faut insérer des articles de loi dans le code du travail qui concernent le harcèlement moral pour permettre aux travailleurs de se protéger contre les agissements pervers des responsables», a souligné Nadjia Zeghouda, syndicaliste et militante pour les droits de l'homme. «En 2009, nous avons adressé une lettre au ministre de la Justice lui demandant de mettre en place un dispositif juridique relatif au harcèlement moral, qui devra inclure des punitions sévères contre les auteurs de ces dépassements et aussi des dédommagements pour les victimes. Il faut aussi garantir une protection des témoins afin d'encourager les travailleurs à dénoncer les cas de harcèlement moral dans le milieu professionnel», a-t-elle ajouté. Aucune étude ni statistique n'ont pu être réalisées concernant ce fléau qui menace les employés et qui peut avoir des conséquences dramatiques sur leur santé morale et physique. La précarité de l'emploi constitue un facteur qui pousse les victimes à ne pas oser dénoncer ces dépassements pervers, ont estimé les conférenciers. «A Tizi Ouzou, des employés qui ont osé témoigner sur un cas de harcèlement moral contre un de leurs collègues ont tous fini par être licenciés. Les travailleurs ont peur de perdre leur emploi, et c'est pour cette raison qu'ils subissent le harcèlement en silence. C'est pour cela que la loi doit protéger aussi bien les victimes que les témoins», a insisté Mme Zeghouda.