Situation - Les artisans algériens ne parviennent plus à vendre leurs produits en dehors des rares salons qui sont organisés chaque année. «La cherté et le manque de matières premières se répercute sur les prix de nos produits, et on a du mal à les vendre. Heureusement, pour nous, au sud du pays, nous travaillons beaucoup plus avec des touristes étrangers. Mais cela est insuffisant, car nos ventes dépendent de ces touristes, donc de certaines périodes, comme le nouvel an ou la saison du tourisme saharien. Durant ces périodes, il y a beaucoup de touristes, donc c'est une aubaine pour nous, mais cela ne dure pas longtemps. Nous travaillons pendant trois ou quatre mois, et nous chômons tout le reste de l'année», témoigne Mohamed, un artisan originaire de la wilaya d'Illizi, rencontré en marge du Salon international de l'artisanat traditionnel. Notre interlocuteur estime que le peu de foires et de salons qui sont organisés un peu partout au niveau national, reste la seule occasion pour des milliers d'artisans de vendre leurs produits. Encore, faut-il avoir les moyens de participer à ces salons. «Nous participons à ce Salon international de l'artisanat avec nos propres moyens, nous avons payé 28 000 DA. Cela fait plusieurs années que je participe à ce salon, et à chaque fois je rencontre de nouveaux artisans, car c'est vraiment trop cher, la plupart des artisans n'ont pas les moyens d'y participer chaque année. Dans ce contexte, il faut que je vous signale un autre problème relatif au prix que nous devons payer pour y participer. Ce dernier diffère selon les régions, il y a un tarif pour l'artisan du sud du pays, un autre pour celui de l'est, etc. Moi par exemple j'ai loué mon stand à 28 000 DA, un artisan du Sud va le louer à 15 000 DA», dénonce Samir, un artisan du cuir de la wilaya de Bouira, qui note qu'il y a un manque d'espaces destinés à la vente des produits artisanaux. «La commercialisation de nos produits demeure un véritable casse-tête. Il n'y a pas assez de foires ni de salons pour vendre nos produits. Il y a ce Salon international de l'artisanat traditionnel, auquel ne peuvent pas participer tous les artisans car c'est vraiment top cher. En outre, il ne dure que cinq jours ! Il devrait, au moins, durer une semaine. Les gens qui viennent de loin n'auront pas assez de temps pour voir les produits exposés», a-t-il expliqué. Cette situation fait que l'artisan algérien est exploité par les commerçants, ce sont eux qui fixent les prix car ils savent que les artisans n'ont pas d'autres choix pour écouler leurs produits. «Beaucoup d'artisans ont abandonné leur activité à cause de ces problèmes. Les artisans sont livrés à eux-mêmes. Nous sommes marginalisés», regrette notre interlocuteur. «Parfois, on parvient à vendre certains produits, mais parfois on se dit : ''Il vaut mieux abandonner car on arrive à peine à recouvrir les charges''», renchérit Yacine, un autre artisan de la wilaya de Constantine, qui participe pour la première fois à ce salon. Si certains artisans ont les moyens d'avoir de petites boutiques pour vendre leurs produits, ce n'est malheureusement pas le cas pour d'autres. «J'aurais aimé avoir mon propre magasin, mais c'est vraiment trop cher. Un petit magasin à Alger coûterait 40 000 ou 50 000 DA», nous dit Toufik, artisan céramiste à Alger. «On aimerait bien avoir un village de l'artisanat», a-t-il ajouté.