Constat - Par rapport à il y a plus d'une décennie, l'édition algérienne se renforce et se professionnalise. Samia Zennadi Chikh, des éditions APIC, dira : «En effet, l'édition algérienne se pratique aujourd'hui différemment d'il y a une décennie.» Elle a expliqué que des maisons d'édition se spécialisent dans différents registres, créant ainsi des collections. Notons que les éditions APIC, et ce, à titre d'exemple, comprennent plusieurs collections : dissonance pour l'essai, résonance pour la littérature africaine, le polar… «En tant que professionnels du livre, nous ne voulons pas nous cantonner à une seule collection», dit-elle et d'expliquer : «Parce qu'un éditeur n'est pas seulement celui qui imprime. Il est aussi quelqu'un qui propose des idées, des voies de réflexion, des textes intéressants.» «Actuellement, l'édition algérienne, contrairement au passé, propose effectivement des idées. Il y a un véritable choix. L'éditeur est avant tout quelqu'un qui propose un débat, qui stimule la réflexion, renforce la pensée. Il favorise la circulation des idées. L'idée est de publier un livre et d'en parler, de le mettre en avant et de l'assumer.» Si l'édition algérienne commence à se développer, qu'en est-il de l'édition en Afrique, sachant que APIC ouvre la voie à travers sa collection «Résonance» aux auteurs africains – cette collection, qui existe depuis 2007, s'enrichissant d'année en année de nouvelles publications, favorise la littérature africaine. «Nous savons que la réalité de l'édition en Afrique n'est pas brillante, puisque de nombreux écrivains se font éditer à l'étranger, à partir des centres de domination (Londres et Paris), parce qu'il n'y a pas les structures pour cela.» «L'Algérie a quand même une industrie d'imprimerie, un paysage éditorial, un marché du livre, donc la possibilité de mettre sur le marché et de proposer à un écrivain du continent de se faire éditer en Algérie, donc sur le continent», estime-t-elle, et de poursuivre : «Il reste maintenant le problème de la distribution et de la diffusion qu'il faut absolument résoudre, parce que ce qui manque chez nous en Afrique, ce sont les structures qui permettent à un éditeur algérien de diffuser un livre au niveau continental. Le texte est absent. Il faut permettre au texte d'exister. L'autre démarche, c'est de faire en sorte que les auteurs africains reviennent sur le continent et éditent en Afrique.» «Il y a des choses qui sont faites, d'autres qui sont en train d'aboutir, mais il ne faudrait pas qu'on s'essouffle. Ce n'est pas à l'éditeur de construire une politique du livre. L'éditeur s'insère, propose, s'associe. Il est toujours en avant – et en avance. Il crée le besoin. Il fait partie du processus de création», fait-elle savoir. Samia Zennadi Chikh dira que les instances concernées à l'instar du ministère de la Culture sont pourvues de centres de réflexion. Cela permet de remédier à la question. «Il faut réfléchir à une vraie politique du livre, à une structure ayant les moyens d'agir. Il faudrait qu'on trouve des mécanismes qui nous permettent de proposer aux nouvelles générations africaines – elles ne demandent que ça – des espaces d'expression.» Et de conclure : «Il faut que chacun puisse construire la partie de la passerelle qui, normalement, relie un point x à un point y.»