Résumé de la 7e partie - Les aveux de A. et de B. sont à la limite du supportable pour l'assistance et très éprouvants pour les parents de la petite victime... L'un des gamins l'a tiré, puis l'a soulevé, avant de le prendre, en l'enserrant très fort avec ses deux bras. Voici un passant, qui les a croisés un peu plus loin : — Lorsque je l'ai vu, il était visiblement boule-versé et pleurait à chaudes larmes. Le président interroge le témoin : — Essayaient-ils de le réconforter, de le calmer ? — Je n'ai rien vu de la sorte... Arrive ensuite à la barre une femme de quarante-trois ans qui rentrait de ses courses au centre commercial : — J'ai vu un petit garçon blond qui trébuchait sur la chaussée et portait une blessure au front. Elle éclate en sanglots : — Il semblait souffrir, mais ne pleurait pas. Le récit d'une autre femme, qui, se trouvant dans un autobus, n'a rien pu faire, est particulièrement terrible. — Les deux enfants s'amusaient avec leur victime. Le tenant chacun par un bras, ils le balançaient violemment en l'air. On voyait que le bébé souffrait. Je me suis mise à crier dans le bus : «Quel mal sont en train de faire ces gamins à cet enfant ?» Tout le monde m'a d'abord regardée, puis s'est tourné pour voir ce qui se passait... Les témoignages suivants, à mesure qu'on se rapproche du terme du calvaire de James, montrent le bébé de plus en plus «désorienté»... Bien sûr, il est tentant d'accabler après coup ces hommes et ces femmes qui ne sont pas intervenus. Mais pouvaient-ils imaginer l'horreur de la situation ? Ils ont cru à une dispute entre gamins qui se connaissaient, ce qui, dans une ville aussi violente que Liverpool, fait partie de l'environnement quotidien. L'un d'eux, interrogé par le président à ce sujet, lui fait cette réponse, somme toute logique : — Je croyais que c'étaient des frères... Enfin, le témoignage le plus impressionnant est celui de la mère de l'enfant qu'auraient voulu enlever Robert et John quelques minutes avant le petit James. Il est particulièrement précis et accablant pour ce qui constitue la pièce maîtresse de l'accusation : la préméditation. La mère de l'enfant, dont le nom n'est pas prononcé non plus et qu'on appelle «Z», est encore sous le coup de l'émotion lorsqu'elle arrive à la barre. — Je suis sans doute la maman la plus chanceuse qui soit. Mon fils était à côté de moi dans la chemiserie. La seconde d'après, plus personne ! A dix mètres, je l'ai vu filer, sautant et riant avec un garçon que j'ai reconnu ensuite comme étant le garçon B. A. n'était pas loin. J'ai appelé mon fils. Ils se sont retournés et le garçon B. a dit : «Retourne avec ta mère.» Les audiences suivantes sont consacrées aux petits accusés. A., ainsi qu'il a été dit, est le cinquième de sept enfants. Ses parents se sont séparés lorsqu'il avait six ans. Depuis il a vécu – si on peut appeler cela vivre – avec sa mère alcoolique, plus souvent au pub du quartier qu'à la maison. C'est le plus violent des deux, le meneur. Quant à B., c'est un enfant difficile, avec visiblement des problèmes psychologiques. On rappelle son comportement bizarre à l'école : coups de tête contre les murs, mutilation des bras. II semble qu'il y ait un terrain dans la famille, car son frère a fait une tentative de suicide. Mais ce qu'on ne savait pas encore, c'est qu'un mois avant le meurtre, son père avait loué une vidéocassette d'horreur racontant l'histoire d'une poupée que deux enfants voulaient tuer. Comme la poupée ne voulait pas mourir, les enfants l'achevaient à coups de barre de fer... (A suivre...)