Un bébé algérien de six mois, adopté par une femme ayant la double nationalité franco-algérienne, est resté 48 heures dans la zone d'attente de l'aéroport d'Orly avant de pouvoir entrer sur le territoire français mardi soir, a écrit mercredi le quotidien parisien Libération. «Durant 48 heures, un bébé de six mois potelé et souriant a fait les frais des lois Sarkozy ? ancien ministre de l'Intérieur ? et du zèle inconsidéré d'un fonctionnaire de la police aux frontières», a affirmé le quotidien. Ajoutant que pendant deux jours, le bébé a partagé avec des adultes les banquettes de la zone d'attente d'Orly (Val-de-Marne), enroulé dans une couverture douteuse, nourri de biberons rarement réchauffés. Tout cela au nom de la loi qu'a fait voter le 26 novembre 2003 Nicolas Sarkozy et qui, selon les associations de défense des sans-papiers, «durcit considérablement les règles d?entrée, de séjour et d?hébergement des étrangers en France». Dimanche, Camélia, mère adoptive de Dahmane, a pris le vol d'Air Algérie pour Paris, le bébé dans ses bras. A 22h 45, un fonctionnaire de la PAF épluche le passeport de Camélia avant de lui signifier que son bébé n'a rien à faire en France. Après s'être vu notifier un refus officiel d'admission pour son fils et le maintien de l'enfant en zone d'attente pour 48 heures, les deux ont été conduits sous escorte dans une chambre d'hôtel. Mais le matin, il faut partir à 5h 30. Toute la journée de lundi et celle d'hier, Camélia et Dahmane ont partagé le quotidien de la zone d'attente. Un alignement de banquettes sur lesquelles le bébé dort. Ils étaient six, hier après-midi, dans le périmètre de la PAF. Quatre hommes, Dahmane et sa mère, une télé qui diffuse un feuilleton américain, des plateaux de nourriture abandonnés. Le bébé se réveille, pleure. Sa mère lui tend un reste de biberon. Lundi, un policier est venu lui répéter qu'elle devait reconduire son enfant en Algérie. «Sinon, il m'a dit qu'on me retirerait l'adoption, que Dahmane serait définitivement interdit de séjour en France et que je serais placée en garde à vue. Je lui ai répondu que j'avais fait des études, qu'il y avait des choses incompréhensibles dans ce qu'il disait.» Il aura fallu la détermination de sa mère adoptive et l'opiniâtreté de son avocate, Me Anne Brémaud, pour que ce petit garçon entre enfin sur le territoire français, hier, vers 19 h, heure à laquelle le ministère de l'Intérieur faisait savoir qu'«en fonction de la situation de la mère et de l'enfant, il avait été décidé d'attribuer un visa exceptionnel de régularisation à titre humanitaire» à Dahmane. Camélia a payé 35 euros pour les formalités. Dahmane, explique Libération, est né le 18 février 2004 en Algérie de parents inconnus avant d'être confié, sept jours plus tard, à Camélia. Après avoir obtenu l'adoption de l'enfant des autorités algériennes, la jeune femme rentre dimanche dernier en France mais sans visa pour le bébé. Elle se heurte, à son arrivée à Orly, au refus d'admission pour son fils de la part d'un policier, dans la cadre du «dispositif Sarkozy». «Auparavant, explique Me Anne Brémaud, l'avocate de la jeune femme, avant l'adoption de la loi du 26 septembre 2003, le Code civil prévoyait qu'un enfant recueilli par une personne de nationalité française pouvait accéder à la nationalité française par simple déclaration.» «Désormais, il faut que l'enfant ait été pris en charge au moins depuis cinq ans par une personne de nationalité française», remarque l'avocate.