Résumé de la 4e partie - Miss Barbara a l'impression que M. Bat les épie. Elle jure à Elsie de le traiter comme il le mérite... Il aura marché à travers les platebandes, reprit Elsie ; c'est le plus court chemin et c'est celui que je prends souvent quand le jardinier ne me regarde pas. — Non, non ! dit miss Barbara avec angoisse, il a pris par-dessus les arbres. Tenez, vous qui voyez loin, regardez au-dessus de votre tête ! Je parie qu'il rôde devant mes fenêtres ! Elsie regarda et ne vit rien que le ciel, mais, au bout d'un instant, elle vit l'ombre mouvante d'une énorme chauve-souris passer et repasser sur les murs du pavillon. Elle n'en voulut rien dire à miss Barbara, dont les manies l'impatientaient en retardant la satisfaction de sa curiosité. Elle la pressa d'entrer chez elle en lui disant qu'il n'y avait ni chauve-souris ni précepteur pour les épier. — D'ailleurs, ajouta-t-elle, en entrant dans le petit parloir du rez-de-chaussée, si vous êtes inquiète, nous pourrons fort bien fermer la fenêtre et les rideaux. — Voilà qui est impossible ! répondit Barbara. Je donne un bal et c'est par la fenêtre que mes invités doivent se présenter chez moi. — Un bal ! s'écria Elsie stupéfaite, un bal dans ce petit appartement ? Des invités qui doivent entrer par la fenêtre ? Vous vous moquez de moi, miss Barbara. — Je dis un bal, un grand bal, répondit Barbara en allumant une lampe qu'elle posa sur le bord de la fenêtre ; des toilettes magnifiques, un luxe inouï ! — Si cela est, dit Elsie ébranlée par l'assurance de sa gouvernante, je ne puis rester ici dans le pauvre costume où je suis. Vous eussiez dû m'avertir, j'aurais mis ma robe rose et mon collier de perles. — Oh ! ma chère, répondit Barbara en plaçant une corbeille de fleurs à côté de la lampe, vous auriez beau vous couvrir d'or et de pierreries, vous ne feriez pas le moindre effet à côté de mes invités. Elsie un peu mortifiée garda le silence et attendit. Miss Barbara mit de l'eau et du miel dans une soucoupe en disant : — Je prépare les rafraîchissements. Puis, tout à coup, elle s'écria : — En voici un ! C'est la princesse Nepticula marginicollella avec sa tunique de velours noir traversée d'une large bande d'or. Sa robe est en dentelle noire avec une longue frange. Présentons-lui une feuille d'orme, c'est le palais de ses ancêtres où elle a vu le jour. Attendez ! Donnez-moi cette feuille de pommier pour sa cousine germaine, la belle Malella, dont la robe noire a des lames d'argent et dont la jupe frangée est d'un blanc nacré. Donnez-moi du genêt en fleurs, pour réjouir les yeux de ma chère Cemiostoma spartifoliella, qui approche avec sa toilette blanche à ornements noir et or. Voici des roses pour vous, marquise Nepticula centifoliella. Regardez, chère Elsie ! Admirez cette tunique grenat brodée d'argent. Et ces deux illustres lavernides : Linneella, qui porte sur sa robe une écharpe orange brodée d'or, tandis que Schranckella a l'écharpe orange lamée d'argent. Quel goût, quelle harmonie dans ces couleurs voyantes adoucies par le velouté des étoffes, la transparence des franges soyeuses et l'heureuse répartition des quantités ! (A suivre...)