Résumé de la 5e partie - Barbara va donner un bal. Le défilé des invités commence... L'Adélide pazerella est toute en drap d'or bordé de noir, sa jupe est lilas à franges d'or. Enfin, la Pyrale rosella, que voici et qui est une des plus simples, à la robe de dessous d'un rose vif teinté de blanc sur les bords. Quel heureux effet produit sa robe de dessous d'un brun clair ! Elle n'a qu'un défaut, c'est d'être un peu grande ; mais voici venir une troupe de véritables mignonnes exquises. Ce sont des Tinéines vêtues de brun et semées de diamants, d'autres blanches avec des perles sur de la gaze. Dispunctella a dix gouttes d'or sur sa robe d'argent. Voici de très grands personnages d'une taille relativement imposante : c'est la famille des adélides avec leurs antennes vingt fois plus longues que leur corps, et leur vêtement d'or à reflets rouges ou violets qui rappellent la parure des plus beaux colibris. Et, à présent, voyez ! Voyez la foule qui se presse ! Il en viendra encore, et toujours ! Et vous, vous ne saurez laquelle de ces reines du soir admirer le plus pour la splendeur de son costume et le goût exquis de sa toilette. Les moindres détails du corsage, des antennes et des pattes sont d'une délicatesse inouïe et je ne pense pas que vous ayez jamais vu nulle part de créatures aussi parfaites. A présent, remarquez la grâce de leurs mouvements, la folle et charmante précipitation de leur vol, la souplesse de leurs antennes qui est un langage, la gentillesse de leurs attitudes. N'est-ce pas, Elsie, que c'est là une fête inénarrable, et que toutes les autres créatures sont laides, monstrueuses et méchantes en comparaison de celles-ci ? — Je dirai tout ce que vous voudrez pour vous faire plaisir, répondit Elsie désappointée, mais la vérité est que je ne vois rien ou presque rien de ce que vous me décrivez avec tant d'enthousiasme. J'aperçois bien autour de ces fleurs et de cette lampe, des vols de petits papillons microscopiques, mais je distingue à peine des points brillants et des points noirs, et je crains que vous ne puisiez dans votre imagination les splendeurs dont il vous plaît de les revêtir. — Elle ne voit pas ! Elle ne distingue pas ! s'écria douloureusement la fée aux gros yeux. Pauvre petite ! J'en étais sûre ! Je vous l'avais bien dit, que votre infirmité vous priverait des joies que je savoure ! Heureusement, j'ai su compatir à la débilité de vos organes ; voici un instrument dont je ne me sers jamais, moi, et que j'ai emprunté pour vous à vos parents. Prenez et regardez. Elle offrait à Elsie une forte loupe, dont, faute d'habitude, Elsie eut quelque peine à se servir. Enfin, elle réussit, après une certaine fatigue, à distinguer la réelle et surprenante beauté d'un de ces petits êtres ; elle en fixa un autre et vit que miss Barbara ne l'avait pas trompée : l'or, la pourpre, l'améthyste, le grenat, l'orange, les perles et les roses se condensaient en ornements symétriques sur les manteaux et les robes de ces imperceptibles personnages. (A suivre...)