Troubles - Des soldats nigérians tentaient ce matin de disperser des centaines de manifestants avec leurs véhicules tandis que la grève générale provoquée par la hausse du prix des carburants entrait dans sa deuxième semaine. Environ mille manifestants étaient rassemblés sur une route située près de l'épicentre de la contestation à Lagos, où des soldats armés se sont déployés dans la matinée. Près de 10.000 manifestants se réunissaient quotidiennement à cet endroit la semaine dernière. Ce matin, des soldats ont, dans un premier temps, conduit des camions, avant de commencer à circuler à bord de blindés légers. Environ 200 manifestants tentaient de se regrouper à proximité mais les soldats se dirigeaient vers leur direction. Le président nigérian Goodluck Jonathan a annoncé une baisse du prix de l'essence pour tenter de stopper la grève générale lancée le 9 janvier. «Compte tenu des difficultés rencontrées par les Nigérians (...), le gouvernement a approuvé une baisse du prix du carburant à 97 nairas le litre», soit environ 30%, a déclaré M. Jonathan dans une adresse télévisée à la nation la plus peuplée et premier producteur de pétrole d'Afrique. La brusque suppression au 1er janvier des subventions des carburants a entraîné le doublement du prix de l'essence à la pompe, passé de 65 nairas le litre (0,40 dollars, 0,30 euros) à 140 nairas ou plus du jour au lendemain. Il est à souligner que les principaux syndicats ont rejeté cette décision, appelant le gouvernement à revenir aux anciens prix ( 65 nairas le litre). Le gouvernement a justifié l'arrêt des subventions aux carburants pour financer la modernisation des infrastructures du pays. Mais le doublement du prix de l'essence frappe durement une population dont la majorité vit avec moins de deux dollars par jour. Le président était resté largement silencieux au cours de la semaine écoulée qui a vu se multiplier grèves et manifestations massives, pour la plupart pacifiques, mais dont certaines ont dégénéré et fait une quinzaine de morts. Il est finalement intervenu après un échec des négociations avec les syndicats ce week-end. Largement suivie depuis son début le 9 janvier, la grève générale devait reprendre aujourd'hui à l'appel des confédérations syndicales. Celles-ci ont cependant demandé de ne plus manifester pour éviter des débordements. Le président Jonathan a affirmé de son côté que les manifestations avaient été «détournées» par des gens cherchant à semer «discorde, anarchie et insécurité». Le chef de la puissante centrale syndicale Nigeria Labour Congress (NLC) avait affirmé hier que la grève, suspendue ce week-end pour les négociations, reprendrait aujourd'hui lundi. Les syndicats exigent un rétablissement intégral des subventions des carburants et un retour au prix de l'essence d'avant l'augmentation du 1er janvier. Par ailleurs, le président Jonathan a refusé de céder sur le fond, affirmant que «le gouvernement allait continuer de poursuivre une déréglementation complète du secteur pétrolier».