Réaction - La Syrie a rejeté, hier, mardi, tout déploiement de soldats arabes sur son territoire, comme l'a proposé le Qatar pour faire cesser les violences. «La Syrie rejette les déclarations de responsables du Qatar sur l'envoi de troupes arabes qui amplifient la crise, font avorter l'action arabe et ouvrent la voie à une intervention étrangère», a expliqué le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. «Le peuple syrien refuse toute intervention étrangère sous n'importe quelle appellation. Il fera face à toute tentative qui porte atteinte à la souveraineté de la Syrie», selon le communiqué. «Il serait regrettable que du sang arabe coule sur le territoire syrien pour servir des (intérêts) connus», ajoute le ministère sans autre précision. L'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, s'était dit samedi favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie afin de «mettre fin à la tuerie». Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a indiqué que cette idée pourrait être examinée lors de la réunion ce week-end au Caire de l'organisation panarabe, qui doit réévaluer sa mission en Syrie, critiquée pour son incapacité à faire cesser l'effusion de sang. Malgré la présence depuis le 26 décembre de dizaines d'observateurs arabes chargés de surveiller l'application d'un plan de sortie de crise prévoyant l'arrêt des violences, les exactions n'ont pas cessé. Le président Assad avait annoncé dimanche une «amnistie générale pour les crimes commis pendant les événements» qui secouent le pays depuis le 15 mars. Cette amnistie concerne essentiellement des infractions à des lois sur les manifestations pacifiques, le port d'armes ou la désertion de l'armée. La mission de la Ligue arabe, entamée le 26 décembre, devait surveiller l'application du plan de sortie de crise défendu et prévoyait en premier lieu l'arrêt des violences. Hier, la pression s'accentuait sur le régime syrien, avec une nouvelle défection et l'annonce d'une coopération entre deux groupes d'opposants politique et militaire, le patron de l'ONU sommant de son côté le Conseil de sécurité d'agir sur le dossier syrien. Lors d'une réunion dans la nuit de samedi à dimanche, des responsables des deux groupes ont évoqué l'édification d'une structure moderne et souple qui permettra de déployer rapidement des unités militaires et d'accueillir le nombre croissant d'officiers et soldats déserteurs de l'armée. Déclarant que «la situation a atteint un point inacceptable», le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki -moon a appelé de nouveau le président Assad à «arrêter de tuer», et estimé «important que les Nations unies tiennent un discours et agissent d'une manière cohérente». La Russie et la Chine avaient opposé en octobre leur veto à un projet de résolution de l'ONU sur la Syrie. Moscou a présenté en décembre un texte, condamnant à la fois la violence du gouvernement et celle de l'opposition. Pour sa part, Riad al-Assaad, chef de l'Armée syrienne libre (ASL), constituée de déserteurs et qui revendique 40 000 combattants, a appelé les membres de la Ligue arabe à «transférer rapidement le dossier syrien devant le Conseil de sécurité de l'ONU».