Position - L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitaly Tchourkine, a rejeté, hier, un projet de résolution du Conseil de sécurité appelant le président syrien, Bachar al-Assad, à céder le pouvoir, estimant que les Nations unies ne doivent pas s'immiscer dans un conflit «interne». M. Tchourkine a estimé qu'il y avait peut-être une «dernière chance de briser la spirale de violence» en Syrie. Mais, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité «ne peut pas imposer les conditions d'un règlement interne (de la crise). Il n' a tout simplement pas le mandat pour le faire». «Nous sommes persuadés qu'au moment où survient une crise politique interne extrême, le rôle de la communauté internationale ne doit pas être d'exacerber la crise», a-t-il ajouté. «La Russie, qui se félicite des contacts étroits qu'elle entretient avec le peuple syrien et le monde arabe, se bat depuis le départ pour faire en sorte que le peuple syrien soit en mesure de décider pour lui-même», a ajouté l'ambassadeur russe. «Moscou ne demandera pas à Bachar al-Assad de démissionner», a déclaré pour sa part le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, soulignant que le président syrien n'était pas un allié et qu'il n'appartient pas aux autres de s'ingérer dans les affaires de la Syrie. Après 10 mois de violences en Syrie, la pression s'accentue sur la Russie pour qu'elle fasse preuve de plus de fermeté vis-à-vis du président Assad et de son régime. La Russie, qui utilise son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, refuse de soutenir la résolution demandant le départ d' El Assad. «Je ne pense pas que la politique russe consiste à demander aux gens de démissionner. Les changements de régime, ce n'est pas notre travail», a déclaré, hier, Sergueï Lavrov, en Australie dans une interview sur la chaîne nationale ABC. «C'est aux Syriens de décider comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure», a-t-il déclaré. Hier, la Ligue arabe a imploré les Nations unies de sortir de leur inaction «face à la répression du régime syrien». Les 15 pays membres du Conseil ont entendu le représentant de la Ligue arabe leur demander de mettre fin à ce qu'il a qualifié de «tragédie humanitaire», en adoptant un projet de résolution. Ce projet reprend les grandes lignes d'un plan proposé par la Ligue arabe. Sa dernière version donne quelques gages à la Russie, soulignant la nécessité de résoudre la crise «de manière pacifique» et précisant condamner «toute violence, d'où quelle vienne», rajouts jugés pour l'instant insuffisants par Moscou. L'ambassadeur de Syrie à l'ONU, Bachar Jaafari, a rejeté ce projet, assurant que Damas ferait «fermement face à ses ennemis». Il a accusé les puissances occidentales et la Ligue arabe de «fomenter la crise».