Faut-il tirer des satisfecit de la politique culturelle en vigueur en Algérie ? Si l'on considère le nombre de festivals qui ont eu lieu, il y a effectivement de quoi se dire que ça bouge un peu partout et, dans toutes les villes, on a convoqué, cet été, le malouf, le chaâbi, le gnawi, le jazz, le théâtre… Compte tenu de la disette culturelle qui a prévalu ces dernières années, il ne faut pas faire la fine bouche. Mais les festivals font-ils la culture ? Nécessaires mais nettement insuffisants, ils contribuent surtout à mieux masquer le marasme et à noyer le manque d'actions culturelles au sens large du terme : le cinéma, la musique, le théâtre, pour ne citer que ces secteurs, sont délaissés et il ne suffit pas de quelques kermesses joyeuses pour les ressusciter car le temps d'un festival, on se donne l'illusion de pratiquer la culture et une fois le rideau tombé, on redécouvre l'indigence qui nous sert de quotidienneté. Faut-il rappeler que le nombre de salles de cinéma a drastiquement diminué, le théâtre qui a connu ses heures de gloire, arrive, aujourd'hui, difficilement à tenir le haut de la scène juste pour entretenir des planches désertées, la musique se cantonne surtout à quelques chebs qui n'ont jamais renouvelé leur répertoire et à l'importation de chanteurs bellâtres qui électrisent les midinettes. Le travail de fond est allègrement évacué et ce ne sont certainement pas les quelques «Dar echabab», ces cubes en béton envahis par le chiendent et l'ennui qui porteront la culture à son zénith. Dans ce désert, une oasis cependant : la littérature. Il y a eu ces dernières années un foisonnement sans pareil de romans, d'essais, de poésies et il faut faire le tour de quelques librairies pour se rendre compte des nouveaux auteurs qui occupent le marché des lettres. C'est à croire que les Algériens et les Algériennes ont subitement découvert cette envie d'écrire. Et nous découvrons chaque mois de nouveaux talents. Et cela ne demande aucun moyen. Aucune subvention. De l'imagination et une plume. Le festival des écrivains, c'est pour quand ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.