Contamination - Tous les espaces inoccupés de la région sont sous l'emprise d'une dilapidation du foncier appartenant à l'Etat sous l'œil indifférent des autorités. Nous traversons ce chef lieu de daïra en compagnie de notre guide qui veut se faire discret, puisque natif de la région. Au niveau de la cité des 130 logements, pas moins de quatre terrains sont l'apanage d'une maffia qui a déjà procédé à l'amoncèlement en lots d'une centaine de m2. Le traçage s'effectue à l'aide de plâtre. Des piquets sont mis en place portant chacun un numéro. Devant le technicum, un autre espace de terrain a également reçu la visite de ces piranhas avides de gain facile. Mêmes images vers le cimetière des Chouhadas et le marché hebdomadaire de la commune. C'est à croire qu'au niveau de Mouzaïa, rien n'est interdit, tout est permis. Même s'il faut transgresser et vendre des biens publics. Personne ne semble vouloir intervenir pour mettre un frein à ce carnage. Les émeutes qui se sont produites le dernier week-end semblent avoir mis les autorités locales en position de faiblesse. C'est d'ailleurs un citoyen au niveau de la cité des 130 logements qui explique bien ce phénomène de la faiblesse des autorités locales. «Ils se reprochent tous des méfaits, c'est pour cette raison qu'ils préfèrent se mettre à l'abri de la colère des citoyens», nous dit-il. Un autre citoyen, qui semble aussi bien au fait des affaires de la commune, ne manque pas d'apporter de l'eau à notre moulin. «Les gens veulent profiter au maximum de cette période de préparation des élections législatives pour se sucrer sur le dos du citoyen d'abord, et de l'Etat ensuite. Ils savent que l'Etat qui est à la recherche de la paix civile en cette période précise cède facilement devant le citoyen à la recherche d'un logement et qui a longtemps patienté sans rien voir venir», dit-il. Une chose mérite d'être signalée : l'ensemble des citoyens que nous avons accostés au niveau du centre-ville de Mouzaïa soutiennent ces actions de dilapidation du foncier. «C'est légitime ces amoncèlements de terrain au moment où des richards de la commune se partagent le gâteau en délaissant le pauvre citoyen qui vit la misère et l'exigüité depuis plusieurs décennies», disent nos interlocuteurs. Parmi ceux qui soutiennent les barons du foncier, il y a ceux qui se sont mobilisés pour donner un «coup de main» aux contestataires qui ont «bénéficié» de lots de terrain. «Ceux qui se sont mobilisés pour acquérir un lot de terrain que l'Etat ne veut pas leur remettre depuis des années sont des natifs de la ville de Mouzaïa dans le besoin. En cas d'une descente de force des autorités ou d'une tentative de démolition, c'est toute la ville qui va se rebeller contre les pouvoirs publics qui se calfeutrent dans le luxe et circulent dans des voitures blindées", disent d'autres.