Près de 50 projets aussi importants les uns que les autres, inscrits à l'actif de la wilaya de Tizi Ouzou depuis plus de cinq ans, n'ont pas été lancés à ce jour faute de disponibilité d'assiettes foncières, a déploré jeudi le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, dans de son intervention lors de la session ordinaire de l'APW consacrée aux fonciers industriel et urbain. «J'ai constaté qu'une cinquantaine de projets inscrits pendant cinq ans voire six n'ont pas été lancés à cause du foncier», a-t-il révélé, en assenant que «le défaut du foncier est une réalité, comme l'est aussi sa dilapidation dans cette wilaya. Partout, on n'arrive pas à implanter un logement, une classe…». La dilapidation du foncier de la wilaya, notamment au niveau de la commune de Tizi Ouzou, a atteint des proportions alarmantes. Des lots d'espaces verts ont été attribués à des particuliers qui possèdent même des permis de construire, précisera encore M. Bouazghi, tout en indiquant qu'il est, ces dernières semaines, «otage» de citoyens exigeant des lots de terrains. Pour mettre en exergue la gravité du problème, le wali a fait savoir que depuis 20 longues années il n'a pas été livré un seul logement aux citoyens de la ville de Tizi Ouzou où tous les terrains ont été bradés et où on n'arrive toujours pas à arrêter une stratégie pour dégager des terrains qui accueilleront des projets de réalisation de logements et autres infrastructures. Alors qu'un programme de pas moins de 60 000 logements de différents types a été dégagé, dont 16 000 sont en cours de réalisation, la wilaya peine toujours à trouver des assiettes susceptibles de permettre le lancement d'une partie de cet important programme. La wilaya ne trouve même pas de terrains pour réaliser les sièges d'une dizaine de directions de wilaya. Cette triste réalité conjuguée aux oppositions souvent non fondées de citoyens voulant accaparer des terrains a fait que le recours à la création de nouveaux pôles, comme celui projeté à Oued Falli et celui concrétisé à Tamda, est «irréversible» pour pouvoir réaliser les projets inscrits à l'indicatif de la wilaya, a reconnu le wali. Dans ce cadre, le wali a invité les députés et sénateurs de la région à convaincre les départements ministériels à inscrire l'acquisition des terrains pour la réalisation de leurs projets respectifs à Tizi Ouzou. Le wali a menacé de poursuites judiciaires toute personne ou institution qui attribuerait un lot de terrain en dehors de la réglementation. «Tant que je suis là, aucun lot ne sera donné. Toute personne qui l'attribuera sera poursuivie en justice. La loi nous interdit de le faire», persiste et signe le premier magistrat de la wilaya. Constitution de commissions d'enquête «A l'occasion de la clôture de la session ordinaire de l'APW consacrée aux fonciers industriel et urbain, il a été décidé la constitution de ces deux commissions d'enquête, l'une sur le foncier industriel et une autre sur le foncier urbain. Une décision prise en l'absence des élus du FFS qui avaient quitté la plénière, et malgré le non du FLN, en principe partenaire du RCD dans la gestion de cette APW, et du RND. Ainsi donc, les élus du RCD feront cavaliers seuls dans cette mission d'enquête sur le bradage du foncier au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, surtout dans la commune du chef-lieu du wilaya où l'œuvre de dilapidation s'est étalée sur plus de 30 ans. Il n'est un secret pour personne que tous les partis qui se sont succédé à la tête de la commune de Tizi Ouzou sont responsables du bradage du foncier, qui par son implication directe, qui par son silence complice face à cette mascarade. Le foncier de la wilaya de Tizi Ouzou, aussi bien industriel qu'urbain, a fait l'objet durant les trente dernières années d'une véritable spéculation ayant fini par le bradage même des espaces verts et des impasses.