Dessous n La dilapidation du foncier figure en bonne place au menu des infractions dans cette localité. Chacun veut sa part de gâteau. Certains parlent de «véritable bombe à retardement»... On n'y va pas avec le dos de la cuillère pour parler du foncier de la commune. Un peu partout à travers les rues, les citoyens «dégainent» sur les autorités locales qu'ils traitent de «commerçants» et la municipalité «d'agence immobilière». Ils désignent des lieux bien précis : des terres agricoles qui continuent de subir les affres du béton. Le A 39, un parc domanial d'une superficie de… 6000 mètres carrés a été attribué avec des dessous de table en 1996 par l'ex-DEC à un citoyen de la commune. Une dizaine de villas et un dépôt de limonade sont érigés malgré les injonctions de l'ex-wali délégué de Bir-Mourad Raïs, Ouled Salah Zitouni, qui a rédigé une décision de démolition. Seules quelques carcasses ont été démolies. «De la poudre aux yeux pour duper le premier responsable au niveau de notre circonscription administrative», disent certaines personnes bien introduites dans les rouages de l'administration communale. Auparavant, une commission d'enquête instituée par le commis de l'Etat, confirme dans les conclusions de son rapport que l'assiette de terrain en question, est un parc, propriété relevant des domaines, attribué de «manière confuse, sinon illégale». Faisant fi de la décision du wali délégué, des constructions sont bâties en un temps record sans permis de construire ni permis de lotir. Plus grave encore, aucune délibération à ce sujet n'existe au niveau de l'APC. Encore plus, des commerces exercent depuis l'ère du P/APC destitué par les membres de l'actuelle assemblée, justement pour des raisons de foncier. Les assiettes de terrain B2 et la coopérative Amel sont un autre exemple de la dilapidation du foncier de cette commune de 160 000 habitants. Le site destiné à la réalisation d'un siège pour la direction des impôts à la suite d'une inspection des services de la DUCH, d'un terrain de sport pour les jeunes du quartier, puis une école pour combler le déficit en matière d'infrastructures scolaires a également été détourné pour une extension de la coopérative immobilière. On trouve aussi une coopérative immobilière d'une superficie de 80 000 mètres carrés lotie en 400 lots. «Du jamais-vu dans les annales des coopératives immobilières !», s'exclament des riverains. La question des documents réglementaires remonte à la surface. Au niveau de la municipalité, ni le site A39, ni le B2 ni les coopératives immobilières Amina et Amel ne sont enregistrés sur les registres des services de l'urbanisme de l'APC, de la wilaya déléguée et de la wilaya d'Alger. Les dossiers, sont de simples chemises cartonnées contenant des documents sans aucune valeur juridique si ce n'est des décisions de démolition et d'arrêt des travaux restées sans suite. Entre-temps les excavations se poursuivent en toute impunité sous le regard consterné des citoyens et des élus du peuple, piétinant encore plus sur des arbres fruitiers. Ce panier à crabes fait couler beaucoup de salive dans les milieux populaires qui ont manifestés leur ras-le-bol du mépris affiché par les autorités locales lors de notre passage. «Ecrivez-le dans votre journal que pour prétendre à un logement ou à un lot de terrain, il faut casquer. Les coopératives immobilières fictives sont légion et poussent comme des champignons, pour enrichir les barons de la maffia du foncier», nous disent plusieurs citoyens accostés à l'Oued (encore une appellation vide de sens). D'autres disent que «le problème de l'A39 et le B2 est un secret de Polichinelle». «C'est un véritable hold-up organisé par des parrains de la mafia du foncier au niveau de la commune.» Les citoyens n'ignorent pas non plus comment s'est réalisée la transaction pour l'attribution de ces terrains. Ils qualifient de «phénomène du siècle» la corruption qu'ils dénoncent ouvertement tout en se disant impuissants à trouver une solution. Ils pointent un doigt accusateur vers les décideurs à un haut niveau. «Même les responsables à tous les niveaux de la hiérarchie ne veulent pas mettre le doigt sur ce dossier du détournement du foncier de la commune. Probablement pour des raisons occultes», nous disent-ils. Le problème du foncier à Gué de Constantine et les modalités douteuses des transactions «ont toujours fait des vagues, sans qu'aucune institution intervienne. C'est sous le couvert de fictives coopératives immobilières que plusieurs hectares de terrain ont été détournés», dénonce un natif de la commune.«Il existe un accord tacite entre la mafia du foncier et les autorités chargées de protéger et préserver les biens publics.»