«C'est tellement facile de ratisser large en utilisant la religion à des fins électoralistes». C'est en partant de cette vérité que Farouk Ksentini a justifié son appréhension quant aux prochaines législatives. Et pour éviter ce scénario, il en appelle à la sagesse et l'honnêteté intellectuelle des partis et des candidats. Interrogé à propos des conséquences sur notre pays et sur le peuple algérien de l'usage de la religion à des fins politiques et dans les différents discours des partis politique, le président de la Commission nationale consultative de promotion et protection des droits de l'Homme a indiqué que l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques et électoralistes est totalement interdite. «C'est la Constitution elle-même qui l'interdit. Mais je crains qu'il y aura malheureusement et nécessairement des dépassements. C'est tellement facile de ratisser large en utilisant la religion à des fins électoralistes. Donc je m'en remets à la sagesse et à l'honnêteté intellectuelle des partis et des candidats», a souligné maître Farouk Ksentini. A une question de savoir si l'utilisation de la religion et la charia dans les différents discours ne risquait pas de fragmenter et de diviser les Algériens entre celui qui est musulman et celui qu'on «soupçonnerait» de ne pas l'être, il a estimé que ces propos doivent être totalement retirés du discours politique parce que cela porte atteinte à l'unité de notre pays alors qu'il est reconnu que l'Islam est la religion de tous les Algériens et de l'Etat algérien. En plus de cela, ajoute Maître Ksentini, il n'est pas besoin de le répéter et de l'exploiter à l'occasion des campagnes des partis à des fins purement électorales. Comme il ne faut pas exploiter des textes coraniques sacrés à des fins purement électorales. Selon lui, c'est totalement inadmissible parce qu'une telle chose pourrait être dangereuse. «Nous avons le plus grand respect pour notre religion, mais il ne faut pas l'instrumentaliser. Pour avoir des électeurs, il faut trouver des arguments et il faut les puiser ailleurs que dans la religion», a-t-il déclaré. Par ailleurs, et dans le rapport annuel qu'elle remettra au chef de l'Etat avant le 31 mars, la CNCPPDH abordera les réformes et les lois initiées par le président de la République ainsi que les garanties pour assurer un scrutin libre et transparent. Dans ce chapitre, la commission a fait des observations et une distinction entre fraude physique et fraude morale. Pour maître Ksentini, la fraude physique, c'est la manipulation des bulletins de vote. «On peut contenir cette fraude. Je pense que des dispositions suffisamment sévères ont été prises à l'occasion des prochaines élections législatives. Ces dispositions vont écarter définitivement cette fraude physique», a souligné M. Ksentini. Mais selon lui, cette fraude n'est pas la plus dangereuse. La fraude la plus dangereuse, c'est la fraude morale. «Lorsque je vois des candidats et des partis politiques promettant des choses mirobolantes et totalement irréalisables qui risquent de tromper l'électeur, je suis inquiet parce que les programmes que j'ai lus et les programmes qui sont diffusés sont des programmes pas chiffrés et des discours d'ordre général et des promesses plus ou moins mirobolantes qui ne procèdent pas de la réalité des choses. Je considère que la fraude immatérielle est plus dangereuse que la fraude matérielle dont on peut se débarrasser ", a-t-il conclu.