Prolifération - Le fléau des agressions à l'arme blanche ne se limite pas aux espaces publics et quartiers populeux, il atteint même les routes. A la tombée de la nuit, les axes routiers deviennent des lieux de prédilection pour les assaillants qui ciblent les automobilistes. Armés de couteaux, barres de fer et autres objets, ils ne reculent devant rien et n'hésitent pas à balafrer ceux qui ne veulent pas leur céder. Bien que plusieurs bandes de malfaiteurs sévissant dans l'autoroute est-ouest aient été démantelées par les services de la gendarmerie nationale, les agressions n'ont pas cessé pour autant. « Il y a près de deux mois, je me dirigeais vers Constantine en mission de travail, accompagné d'un collègue. A la sortie de Bordj Bou-Arreridj, la route était barrée par des pierres. Je me suis arrêté afin d'enlever ces obstacles, lorsqu'un groupe de cinq personnes armées de couteaux se sont attaqués à moi et d'autres se sont dirigés vers la voiture pour enlever le poste-radio. Ils nous ont délestés de tout ce qui était en notre possession et nous ont encore frappés au visage », témoigne Hakim, démarcheur dans une entreprise privée. Les traces de l'agression sont visibles sur son visage et son cou. «N'était-ce l'intervention d'autres automobilistes qui sont arrivés sur les lieux, ils nous auraient carrément tués. Ces agresseurs sont dénués de tout sens d'humanisme, ils sont d'une sauvagerie sans pareil», ajoute-t-il. S'il est sorti indemne de l'attaque, Hakim a payé une lourde facture dans sa vie privée. « J'ai perdu ma fiancée que je devais épouser cet été ! Lorsqu'il m'a vu avec les séquelles de l'agression, son père m'a assimilé directement à un voleur et m'a signifié de ne plus remettre les pieds chez lui. Il n'a même pas épargné sa fille, en l'accusant de vouloir épouser un homme immoral. J'ai beau essayer de lui expliquer, mais en vain. J'ai fini par me résigner à mon sort », raconte-t-il, dégoûté. « Si on m'avait tué, ça aurait été mieux pour moi. Maintenant, tout le monde me regarde de travers, alors que, Dieu sait, je n'ai jamais fait de mal dans ma vie ", lâche-t-il, amerement Plus dramatique encore est l'histoire de cette jeune femme chassée de chez-elle à Theniet El Had (Tiaret), après avoir subi une agression à l'arme blanche ! " A mon retour du centre de formation professionnelle, j'ai été la cible de deux malfaiteurs qui m'ont enlevé mon argent, mes bijoux et mon téléphone portable. Ils voulaient me prendre de force avec eux, mais j'ai résisté jusqu'à ce qu'un automobiliste est venu à mon secours. Sachant qu'il leur était impossible de me kidnapper, ils m'ont défiguré à l'arme blanche », raconte-t-elle. En rentrant chez elle, son père ne voulait rien comprendre. « Il a pris un grand couteau et a voulu m'égorger, estimant que j'avais sali l'honneur de la famille. Je suis parvenue à lui échapper et depuis ce jour-là, je ne suis pas retournée à mon village. Je suis venue à Alger ou je me retrouve serveuse dans un bar. Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont brisé ma vie. Le bar n'est pas mon milieu, je rêvais d'ouvrir un grand atelier de confection et réussir dans ma vie. Ils m'ont détruit » dit tristement notre interlocutrice.