Il n'existe pas un seul Algérien, sans doute, qui ne soit pas branché sur les chaînes de télévision françaises. Encore que depuis quelque temps Rotana est en train de percer, surtout chez la gent féminine, les mecs n'ayant d'autres ressources que de se rabattre sur les télés distribués aux cafés du coin contre pub et diffusion de matchs de football. Par-delà le rêve français, ou européen, que tous les jeunes, les moins jeunes et même les filles partagent, il faut bien dire que l'intérêt que porte le peuple algérien à la présidentielle française, tout en se désintéressant des législatives algériennes, ne témoigne pas tant du peu de crédit des scrutins algériens, où la voix de chacun de nous ne vaut pas grand-chose, que de l'échec de la Télévision algérienne, doublé d'une éclatante réussite des télévisions françaises. Celles-ci, dotées de performances époustouflantes, n'ayant rien à voir avec les moyens existants, puisque l'Unique (faut-il plutôt dire l'Inique) jouit de moyens aussi impressionnants, sinon plus, au service de performances médiocres, versant ostensiblement dans la langue de soie, car chacun sait que notre pays n'est pas producteur de bois. Mais au lieu d'en prendre de la graine – on préfère ce «on» qui désigne n'importe qui et personne à la fois, des fois qu'on irait nous chercher noises sans qu'on n'y prenne garde – éviter de contempler ces tristes réalités en face, allant jusqu'à ignorer que même les rares publicités «réussies» chez nous ne sont que des «parodies» de ce qui se fait en France. A force d'agir de la sorte, de vivre à côté de nos pompes et de se projeter sur la réalité des autres, on finit par se couper de tout, oublier son propre pays et ne plus penser qu'aux démos les plus performants, les moins démo…dés…histoire de toujours garder un œil (à défaut d'un pied et de tout le reste) sur les paradis artificiels. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir Beghtah.