Patrimoine - Ces mécanismes étaient mis en œuvre durant la période ottomane d'une manière permanente, continue et hiérarchisée en s'appuyant sur des matériaux authentiques. C'est ce qu'a indiqué hier, mercredi, l'architecte, spécialiste en histoire de l'art, Samia Chergui. Avant l'arrivée de l'occupant français en Algérie en 1830, la ville d'Alger vivait une «floraison architecturale» surtout en édifices religieux, entretenus d'une façon perpétuelle, a relevé Mme Chergui lors d'une conférence donnée au Centre d'études diocésain autour du thème «Les mosquées d'Alger : construire, gérer et conserver (16e et 19e siècles)». En se basant sur les résultats d'une recherche qu'elle a menée sur le terrain et sur une documentation Habûs inédite, l'oratrice a constaté que l'entretien du bâti religieux existant durant la période 1563-1830, «se manifestait dans la consolidation, la construction, la restauration ou la rénovation occasionnelle des édifices». Pour elle, l'ensemble de la population autochtone de l'époque contribuait d'une manière ou d'une autre à la construction et à la conservation des mosquées d'Alger et autres oratoires de quartiers dont le nombre dépassait les 160 mosquées, parmi lesquelles «seulement onze ont été sauvées ou plutôt épargnées», selon ses dires. A ce propos, Mme Chergui a expliqué qu'avec l'avènement de la colonisation française, la ville d'Alger a subi des «bouleversements majeurs» ayant affecté son bâti dans sa globalité, y compris les mosquées. La majorité des édifices religieux ont été soit affectés à d'autres fonctions, amputés de leurs annexes ou complètement démolis, a-t-elle précisé. A cet égard, elle a cité comme exemple Djamaâ Sayyida, démoli en 1830 pour l'aménagement du square de la Régence ou encore Djamaâ Jdid et Djamaâ El Kbir, dont les annexes ont subi des modifications et même des démolitions partielles tout en rappelant, par ailleurs, que le séisme d'Alger de 1716 a aussi causé la destruction de certaines mosquées. Revenant au processus de conservation pendant la période ottomane, l'oratrice a rappelé qu'Alger était une ville cosmopolite où les métiers et spécialités dans le domaine du bâtiment étaient plus précis qu'aujourd'hui. Elle a cité, dans ce sens, le maçon spécialisé dans la construction et l'entretien des coupoles, appelé Kebbab, et le maçon paveur, spécialisé dans le pavage, et autres domaines comme la boiserie et la verrerie, des spécialités qui reflètent le savoir-faire architectural ancien, aujourd'hui disparues.