Menace S?il avait été mené jusqu?au bout, l?acte aurait fait des dizaines de milliers de morts. Les autorités jordaniennes ont annoncé officiellement, hier soir, avoir déjoué un attentat chimique préparé par Al-Qaîda contre le siège des services de renseignement à Amman et qui, selon elles, aurait pu faire 80 000 morts et des centaines de milliers de blessés. Cette annonce a été faite sur la télévision d'Etat par un responsable des forces de sécurité selon qui les membres de la cellule préparant l'attentat ont été tués ou arrêtés par les forces de l'ordre, qui ont saisi des camions et d'autres véhicules bourrés, au total, de 20 tonnes d'explosifs. La télévision a consacré une émission spéciale à ces révélations, sur la cellule terroriste arrêtée fin mars et dont le roi Abdallah II avait affirmé, début avril, qu'elle s'apprêtait à commettre un «crime jamais vu dans le royaume» qui aurait coûté la vie à «des milliers de civils». «Cette opération (...) aurait tué 80 000 citoyens jordaniens», a affirmé la télévision, affirmant que six membres du «réseau terroriste» avaient été arrêtés et quatre autres tués. Le programme mentionne également des projets d'attentats contre le QG des renseignements, les bureaux du Premier ministre et l'ambassade des Etats-Unis à Amman, sans fournir, toutefois, de détails. La télévision a ensuite diffusé les aveux des six terroristes arrêtés qui paraissaient en forme. Azmi Jayyoussi, présenté comme leur chef, a déclaré avoir pris ses ordres d'Abou Moussab al-Zarqaoui, affirmant que celui-ci lui fournissait argent et documents falsifiés via la Syrie. Il dit avoir été formé aux explosifs et aux poisons en Afghanistan par Al-Zarqaoui, qui lui aurait ordonné de «planifier des opérations militaires» en Jordanie lors d'une rencontre en Irak. Les Etats-Unis ont mis à prix la tête du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, pour 10 millions de dollars. Ils l'accusent d'être le «suspect numéro un» dans les attentats ayant endeuillé l'Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Des experts cités par le programme affirment que les 20 tonnes d'explosifs chimiques auraient eu «un effet direct sur un périmètre de deux kilomètres», faisant 160 000 blessés en plus des 80 000 morts et auraient «provoqué des difformités physiques» chez de nombreuses personnes au-delà de ce périmètre. Froidement, Jayyoussi a enfin affirmé avoir reçu «170 000 dollars» de Al-Zarqaoui en plusieurs versements effectués «via des messagers» venant pour la plupart de Syrie, où se trouvait, selon lui, l'adjoint de Al-Zarqaoui qui lui fournissait ses instructions. Tout un projet.