Le chef de la branche irakienne d'Al Qaîda qui a revendiqué le triple attentat d'Amman promet qu'il y en aura d'autres. La Jordanie a brutalement découvert, mercredi dernier, les horreurs des attaques suicides qui frappent sans avertissement faisant des dizaines de victimes et anéantissant trois des grands palaces de la capitale Amman. De fait, c'est la première épreuve sérieuse que rencontre le souverain hachémite, Abdallah II, depuis son accession au trône en février 1999 après le décès de son père le roi Hussein. Il est patent que l'environnement régional dans lequel évolue la Jordanie (conflit israélo-palestinien, guerre en Irak, instabilité en Syrie et au Liban) l'a préparée à une telle éventualité, mais sans doute pas à ce qu'elle soit directement frappée par des auxiliaires de la nébuleuse terroriste Al Qaîda dont la branche irakienne est dirigée par le Jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui condamné à mort dans son pays, au début de l'an 2000. Ainsi, tout en poursuivant son action de terreur, notamment en Irak - où chaque jour connaît son lot de victimes des groupes d'Al Qaîda - Abou Moussab Al Zarkaoui se venge dans le même temps de son pays natal qui l'a renié et condamné. De fait, dans sa revendication du triple attentat, la branche irakienne d'Al Qaîda promet qu'il y aura d'autres attentats plus sanglants contre la Jordanie. En effet, dans le communiqué revendiquant l'action contre les trois hôtels d'Amman, le groupe dit de la «branche irakienne d'Al Qaîda» indique que «les tyrans mécréants verront dans les prochains jours (des opérations) qui feront apparaître comme infimes les catastrophes qu'ils connaissent aujourd'hui». Dans ce communiqué mis en ligne sur Internet vendredi soir, le groupe d'Abou Moussab Al Zarkaoui affirme que les attentats ont été préparés et commis par quatre Irakiens dont un couple, indiquant: «Les quatre membres irakiens du groupe ont été chargés de planifier, préparer et commettre (les attentats): les commandants Abou Khabib, Abou Mouaz et Abou Oumaïra. Le quatrième était la vénérable Oum Oumaïra». les autorités d'Amman avaient déclaré jeudi qu'il y avait eu trois kamikazes dont l'identité n'a pu être établie. La Jordanie se prépare ainsi à des jours difficiles et annonce d'ores et déjà que la guerre contre le terrorisme sera longue et dure. Dans une déclaration faite vendredi le Premier ministre jordanien, Marwan Moasher a affirmé que «les mesures à court terme concernent la sécurité, mais le fond du problème est culturel», qui souligne: «Nous devons combattre toute culture qui accepte que des civils soient tués pour des raisons politiques. Il faut avoir une tolérance zéro pour toute personne qui justifie ou tente de justifier de tels crimes». M.Moasher relève par ailleurs que «l'esprit de tolérance religieuse et le respect pour la diversité et la modération inclus dans le «message d'Amman», doivent prévaloir pour pouvoir vaincre ces groupes. C'est là le vrai défi». De fait, les attentats de mercredi vont bouleverser les perceptions que les Jordaniens avaient du terrorisme, un fait lointain quoique sévissant aux frontières du royaume. Pourtant, la Jordanie, les autorités politiques singulièrement devaient s'attendre à l'éventualité d'une attaque comme celle qui a frappé mercredi Amman. De fait, allié stratégique des Etats-Unis, la Jordanie est l'un des trois pays arabes (Egypte et Mauritanie) qui ont établi des relations au niveau diplomatique avec Israël alors que le dossier palestinien demeure entier. De plus, avec le Caire, Amman est le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël. Toutes choses qui ne plaident guère pour la sécurité d'un royaume entré de plain-pied dans l'oeil du cyclone du terrorisme islamiste. Abou Moussab Al Zarkaoui accuse ainsi la Jordanie d'être devenue un «mur de protection pour les Juifs» et une «base arrière militaire des armées des Croisés» et du gouvernement irakien, avertissant que d'autres frappes (de la Jordanie) allaient suivre. De fait, il y a eu en avril 2004 une tentative d'attentat à l'arme chimique contre le siège des services de renseignements, les bureaux du Premier ministre et l'ambassade américaine à Amman, attaque avortée grâce à la vigilance des services de sécurité jordaniens. On a estimé à l'époque, que si cette attaque avait réussi, il y aurait au moins 80.000 victimes. Al Zarkaoui avait confirmé le projet d'attentat contre les services du renseignements jordaniens, démentant toutefois avoir eu l'intention d'utiliser l'arme chimique. Condamné à mort dans son pays, la Jordanie, Abou Moussab Al Zarkaoui ennemi public numéro 1 des Etats-Unis en Irak fait l'objet d'une offre de récompense de Washington de 25 millions de dollars pour sa capture mort ou vif.