L'anecdote se passe dans une localité de l'Algérois. Lors d'une réunion de routine regroupant les autorités locales, le wali délégué répond avec une agressivité difficilement contenue à une remarque d'un président d'APC, comme si cet élu était son subordonné. L'incident sera vite clos car l'élu en question n'insistera pas, sans doute convaincu, lui aussi, qu'il est plus versé dans le fonctionnariat que la représentation populaire. Or cette mainmise de l'administration sur les élus locaux est devenue quasi naturelle au point que le président de l'APC et ses adjoints sont régulièrement convoqués par le chef de daïra et le wali, pour n'importe quel problème de gestion locale. S'il n'est pas question de considérer que les maires sont d'intouchables responsables politiques uniquement parce qu'ils ont été portés à leurs postes par l'expression populaire, et s'il faut admettre qu'ils sont quand même tenus à une discipline, voire à rendre des comptes à l'administration notamment sur l'évaluation des grands projets, il n'en demeure pas moins qu'ils représentent la population, portés par un processus électoral libre et démocratique, ce qui en fait non pas des subordonnés mais des interlocuteurs. Or précisément et par on ne sait quelle confusion, les commis de l'Etat que sont les chefs de daïra et les walis, les considèrent comme de simples relais en charge de la gestion communale, un peu comme le bas de la pyramide administrative. De ce fait, les élus ont énormément perdu de leurs pouvoirs, et la prérogative de gérer et de distribuer les logements leur a été retirée. Cette mesure a rétréci leur champ d'intervention, mais pour le commun des citoyens, ils sont toujours responsables de la crise du logement qui sévit à travers le territoire national. Pour preuve, ces attroupements, voire ces insurrections récurrentes qui se tiennent aux portes des mairies : les édifices de la République que sont les wilayas, les daïras et même les ministères ne sont jamais pris d'assaut comme les APC, et dans la pire des contestations, ils subissent des sit-in. Pour dire que le citoyen perçoit l'APC comme étant l'institution qui lui est le plus redevable parce que justement, il a contribué à son intronisation par l'urne. Alors, le conflit est-il d'ordre strictement administratif, dans la mesure où il pose les questions relatives à une autonomie clairement revendiquée des élus vis-à-vis de l'administration locale ? Ou bien est-il d'ordre politique parce qu'il implique un débat sur les prérogatives des élus, donc d'une véritable représentation populaire et, par là, d'une application stricte et sereine des préceptes démocratiques tels qu'énoncés par la Constitution ? Les deux à la fois ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.