L'université est-elle le réceptacle de toutes les chapelles politiques ? Censée être le temple du savoir et de la connaissance, est-elle en définitive un conglomérat de sensibilités politiques empiétant ainsi sur ses véritables prérogatives, celles qui en font le carrefour de tous les débats sociaux, économiques et culturels devant servir de socle à la société ? On se rappelle cette année 1981 où des échauffourées ont eu lieu et le début de la fameuse «algérianisation» de l'enseignement qui consista à remplacer tous les coopérants européens par des professeurs du Moyen-Orient au nom d'une arabisation menée à la hussarde. En dehors de l'aspect purement pédagogique qui subit les conséquences de ce tournant linguistique en arabisant les sciences sociales et le droit, butant ainsi sur un manque de documentation, donc sur la qualité même de l'enseignement, nous assistâmes, avec les années quatre-vingt-dix et le pluralisme politique, à une pléthore d'organisations estudiantines toutes affiliées à des partis. Cette diversité politique au sein même de la communauté universitaire allait, au lieu de servir de débat démocratique et de contribuer à l'épanouissement de l'Université, constituer plutôt une grande fracture entre les étudiants. Ces organisations servant de relais aux différentes chapelles politiques s'occuperont de politique en vivant souvent de graves conflits plutôt que de pédagogie. Et c'est le niveau qui en pâtira. Aujourd'hui, on assiste à une sorte de prise de conscience de l'état de délabrement de l'Université algérienne, et les étudiants dans leur écrasante majorité se sont mis à poser des problèmes de devenir, de démocratisation, de débouchés, de validité des diplômes. Et c'est dans ce sens que s'apprête à voir le jour la fameuse Coordination nationale des étudiants qui propose la prise en charge de tous les problèmes de l'Université par une participation opérationnelle des premiers concernés : les étudiants. Dans ce cas, quelle serait alors la place des organisations affiliées aux partis politiques ? Faut-il dépolitiser l'Université en la confinant dans l'exclusivité pédagogique ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.